Parler d'ma vie

Moi dans la maison vide, dans la chambre vide

Les billets pas très gais sont rares ici car j’essaie de tourner mes petites misères à la dérision  comme si le verre était toujours à moitié plein alors que dans la vraie vie, j’aurais tendance à le voir à moitié vide..et puis parfois pourquoi ne pas écrire ce qui empêche de dormir et tant pis si ça fait tâche au milieu des bonnes résolutions et de l’humeur nouvelle année…

Pas de panneau planté dans le jardin mais la maison où j’ai vécu  quelques années a bien été vendue. Je n’ai jamais été attachée aux pierres ni aux objets pourtant j’ai du mal à envisager le fait que je n’y remettrai plus les pieds.

Cette maison est remplie de souvenirs. Dans ma chambre d’adolescente tapissée de posters à l’époque, j’en ai passé des heures à répéter des chorégraphies de danse, à compiler mes morceaux préférés sur des K7, à coller des photos d’Amérique sur une armoire, fascinée par l’immensité et la diversité de ce pays, à écrire et à lire des lettres qui remplissaient un cartable entier. En ouvrant ma penderie, je ne trouvais quasiment que des chemises très larges…sans le vouloir, j’avais adopté le look Parker Lewis.

Je me souviens aussi de l’hystérie provoquée par l’intrusion dans la salle à manger d’un lézard mesurant au bas mot 5 cm, de l’odeur de la paëlla qui mijotait toute la journée lors de fêtes de famille, des repas et des barbecues sur la terrasse dès que les températures étaient assez douces.

Un jour en franchissant le portail de cette maison, j’ai entendu les mots « grand-père  » « cancer » « fin » et j’y ai repensé à chaque fois que j’ai poussé la petite porte en bois.

Cette maison, je l’ai quitté juste après le bac et depuis ce jour là, j’ai eu l’impression, à chaque fois que je revenais les week-ends, les vacances qu’elle continuait à vivre sans moi et que j’étais devenue comme une invitée de passage.

Mes enfants ont dormi dans ma chambre, se sont réchauffés auprès de cette cheminée dont je ne décollais pas, ont trouvé des jouets gardés malgré de nombreux déménagements dans les armoires.

Il a fallu trier, vendre tout ce qui partait, se débarrasser de ce qu’on entasse en pensant que cela pourra toujours servir un jour…deux enveloppes remplies de photos préparées par ma sœur, bien plus forte que moi, voilà ce qu’il reste de cette maison…

Accepter de donner un tour de clef définitif c’est accepter de tirer un trait sur toute une période, sur une union familiale qui n’existera plus et  grandir tellement qu’on devient un peu, par la force des circonstances, les parents de ses propres parents…

63 Comments

  1. Je suis très touchée par ton post Choco. Je crois que c’est en ça aussi que je disais dans un billet que je me sens « vieille » lorsqu’on se met à protéger ceux qui le faisaient jusqu’à présent…
    Tes souvenirs sont dans ton coeur et dans ta tête, aurais envie de te dire, même si c’est vrai, nous savons que ce n’est pas totalement vrai. Dis toi également que tu auras eu le plaisir d’y voir tes enfants, un peu mais quand même…
    Je t’embrasse très fort.

  2. Je suis également touchée par tes mots, peut être aussi parce que j’imagine très bien ce que tu peux ressentir en laissant cette maison à des inconnus. Tu y as vécu, et tu l’as rempli d’amour, parce que c’était ton foyer… difficile à croire que désormais elle te sera interdite, et qu’elle deviendra le foyer de quelqu’un d’autre…
    Bon courage pour tourner la page,

  3. Nous avons du vendre la maison de mon enfance il y quelques années…
    La maison s’abimait, était en décrépitude pour plusieurs raisons. nous ne pouvions en assurer les frais et notre vie était désormais loin ailleurs alors pour ma part, j’ai été contente qu’elle soit vendue et qu’elle revive à nouveau. Les acheteurs des gens sympathiques avaient pas mal de projets de rénovations….
    Ceci dit, je rêve parfois de cette maison près de Saint Malo, j’irai la voir à l’occasion…

  4. ca me touche beaucoup ce que tu écris… nous avons la maison de ma grand mère dans le poitou, j’y passais toutes mes vacances depuis ma naissance… et puis j’ai grandi, et puis elle est morte, j’y retourne un peu, quelques jours de temps en temps, mes enfants y sont allés, mais ma tante n’arrive plus à l’assumer financièrement et je ne peux pas aider… je me résous à l’idée qu’elle soit vendue un jour…
    Tu as de beaux souvenirs, tes enfants aussi…

  5. tu me donnes des frissons ce matin parce que je sais ce que ça représente pour toi… parce que j’imagine ce que ca me ferait !

  6. Ton billet est très touchant…
    Je n’ai pas connu une maison familiale, j’ai tant démménagé…
    J’aurais aimé vivre ce que tu décris, même si c’est aussi une source de douleur visiblement.

  7. Emouvant, oui on a des souvenirs dans ces lieux, des maisons, des villes, mais certains restent, et la vie continue, beau billet.

  8. C’est très « frissonnant » comme billet j’en ai les poils des bras tout hérissés, moi non plus je ne suis à priori pas attachée aux pierres mais il est des endroits où des choses importantes pour nous sont ancrées…Je comprends ta peine.

  9. Tourner des pages n’est jamais facile, mais j’espère que le fait de les écrire et savoir qu’elles sont touchantes parce que, finalement, partagées, t’aidera.

  10. Je t’embrasse même si ce n’est que virtuellement et te souhaite des verres plus qu’à moitié plein…

  11. je comprends aussi

    même si on se dit pas attaché au pierrés et aux choses, on s’attache quand même ! tout restera intacte en toi si tu le souhaites, et si ça peut t’aider, dis toi que ( ta ) maison a fait des heureux, et que les nouveaux propriétaires vont aussi passer des bons moments !

  12. C’est un billet très émouvant. Je sais que je serais comme toi le jour où je serais dans cette situation. Je suis assez sentimentaliste, alors ce genre d’évènement sera une épreuve pour moi.
    Je t’envoie plein d’ondes positives pour t’aider à traverser tout ça.

  13. Mon petit frère a dit un jour que jamais il ne voudrait vendre la maison de mes parents…
    Et mes parents, je ne pense pas qu’ils envisagent de la quitter un jour
    Je ne sais pas si ça devait arriver si je serai nostalgique ou non… j’ai toujours du mal à me projeter dans ce genre d’événement…

  14. La maison de mon enfance a été vendue, elle aussi, et 15 ans après, je ne peux toujours pas passer devant, trop d’émotion, et surtout bien trop de souvenirs avec des personnes aimées et aujourd’hui disparues.

  15. Ce sont ce genre d’étapes qui nous paraissent bénignes vues de l’exterieur qui nous font grandir, sinon mûrir. J’embrasse pour cette nouvelle année.

  16. La maison de mon enfance a été vendue quand j’avais seulement 11 ans et je m’en souviens comme si c’était hier, quel arrachement j’ai éprouvé. Depuis, les adresses et les déménagements se sont multipliés, du coup il n’y a plus cette nostalgie attachée aux murs et quelque part je le regrette vraiment, les maisons font partie de nos histoires.
    Courage à toi, ça doit vraiment être très difficile !

    De Gros Bisous pour cette nouvelle année !

    • c’est fou que cela t’ait autant marqué à 11 ans… pas d’âge pour s’attacher aux lieux 🙂

  17. Je te comprends vraiment. Je m’attache énormément aux objets, aux pierres (au genre humain aussi, ne t’inquiète pas ^^). Mais je vois très bien de quoi tu parles. Pour ma part, j’ai tellement été balloté à droite à gauche quand j’étais petite et adolescente (j’ai du faire une bonne dizaine de déménagements quand j’étais avec mes parents). Puis 3 ou 4 depuis que j’ai quitté le cocon familial. En mars il y en aura encore un nouveau. Je verse toujours une petite larme quand je quitte un endroit, mais je rebondis très vite de par l’expérience de mon passé.

    • tu rebondis vers un projet qui m’a l’air vraiment enthousiasmant : cadre de vie, nouvelle maison, nouveau boulot ! ça me parait très positif tout ça !

  18. Un billet qui me touche beaucoup et un peu trop d’ailleurs, je me contenterai de garder en tête l’air de Polnareff 🙂

  19. J’ai la chance de vivre là où je suis née… Je n’envisagerait jamais qu’elle ne soit plus « à moi ». J’ai d’ailleurs repris l’entreprise familiale, en grande partie, pour garder cette maison.

    • j’ai beaucoup déménagé contrairement à toi, sans que cela ne me touche…là c’est plus le symbole, ce qu’elle représente que la maison elle même…d’ailleurs je n’ai jamais été opposée à sa vente

  20. J’appréhende aussi le moment où nous devrons vendre l’appartement de nos parents, ou les maisons de mes grand-parents que ma famille a réussi à garder pour l’instant. Ce jour-là une page sera définitivement tournée, la fin de l’enfance. Pourtant je n’ai jamais eu aucun état d’âme à quitter les appartements que j’ai occupé en tant qu’adulte, mais sans doute parce qu’à chaque fois notre vie continuait simplement ailleurs.

    • tout comme toi, je n’ai jamais eu de peine à quitter mes anciens appartements mais c’était pour aller vers autre chose…là c’est la fin de quelque chose ..

  21. J’y ai pensé pendant ces vacances alors que j’étais chez mes parents. Le temps file, ils vieillissent. Mon fils de son côté va bientôt partir de la maison…. Je sens d’un coup ce sentiment de « vieillesse » même si cela n’a rien à voir avec l’âge (mais plutôt avec les événements familiaux).
    Courage!!!!

    Quant à ta question: oui j’ai beaucoup aimé La Couronne verte!!!!

  22. c’est un trés joli billet que tu nous a écris la! c’est triste mais ca nous concerne tous a un moment donné. je sais que ca jour la viendra pour moi aussi et ca sera dur, je comprends vraiment ce que tu ressent .. Je te souhaite en tout cas une très belle année pleine de sourires et de bonheur!

  23. Je repense encore très souvent à ma maison de Haute-Savoie, je fais des rêves aussi où je suis dans cette maison… elle reste mon havre de paix, de douceur, d’enfance et d’adolescence ! Et lorsque je retourne en vacances en montagne, je vais la voir et je me souviens…
    Cette maison, elle fait partie de toi et il faut garder que le « meilleur » d’elle ! Comme je te comprends.. bises

  24. pfff… j’en ai les larmes aux yeux tiens.. surtout que ça peut m’arriver d’ici quelques temps aussi et que je n’imagine pas mon père vendre notre maison, mais peut-être qu’il n’aura pas le choix…

  25. Ce n’est pas tant la maison que les souvenirs et l’attachement aux personnes aimées qui y ont vécu qui sont douloureux ; il suffit de se rendre dans ces endroits de notre enfance pour que tout remonte à la surface, une porte qu’on ouvre et on croit entendre encore les proches, une chambre où on a dormi, un escalier qu’on descend pieds nus… Je comprends tout-à-fait ça, même si chez moi je n’ai jamais eu à connaître ces séparations puisque j’ai grandi dans la maison familiale que mes parents occupent aujourd’hui, après mes grands-parents, et que la maison de mon autre grand-mère est encore dans la famille et qu’on y tient tous. Une maison c’est nos racines quelque part. Mais la vie continue… Bonne année à toi !

  26. Bonjour,

    Ton post m’a beaucoup emue, jusqu’aux larmes, les pierres ne sont que … des pierres, ce qui leur donne un sens ce sont les souvenirs qui s’y rattachent, ces souvenirs restent dans notre coeur et notre ame a jamais, c’est la que reside notre vraie maison, en nous memes.

    Je te souhaite de choisir cet intemporel source du vrai bonheur.

    Bonne Annee

    Alina

  27. Ton billet est très touchant, tes souvenirs aussi, j’ai toujours vécu en appartement pas de maison familiale, alors ce n’est pas la meme chose, dés mon départ mon père a transformé ma chambre en bureau, aujourd’hui ma fille dort dedans dans un lit parapluie face au bureau, les livres, et vaches, armoires ont remplacé mon lit, mes peluches, et posters…
    Je te comprends et merci pour ce partage, je voulais te dire aussi que je publierais sans doute demain soir la photo du weekly chocolate.

  28. la vie n’est pas toujours rose, mais écrire quand ça ne va pas c’est bien aussi, comme il me parle ton billet, une maison de famille dans laquelle on ne se sent plus chez soi car quelqu’un a pris la place du père je le vis depuis 15 ans !…mais c’est la vie
    je te souhaite une belle année et j’èspère que ta douleur va s’apaiser…avec le temps

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