Il doit y avoir une loi sur terre qui consiste à ce que je croise ma voisine la blonde (elle n’est pas vraiment blonde mais elle parait aussi parfaite que le blond du sketch de Gad Elmaleh) à chaque fois que je suis le moins à mon avantage. C’est arrivé pas plus tard que lundi soir. Je revenais de mon heure de danse, rouge tomate, le cheveu luisant (je suis la seule sur terre à transpirer du cuir chevelu ou je suis un cas pour la science ? ne me laissez pas seule, confiez vous), parfumée à la sueur quand je l’ai croisé devant l’ascenseur avec son jean tombant merveilleusement bien (et donnant l’impression que c’était un modèle unique juste taillé pour elle), son maquillage et sa coiffure impeccables, son bronzage encore intact comme si elle rentrait juste de l’île Maurice.
J’ai failli fuir dans les escaliers… en plein shoot d’endorphines post-effort, j’avais envie d’en profiter pleinement et ne pas me laisser envahir par ce sentiment d’être le vilain petit canard face à cette bombe.
J’ai repensé au cours de street jazz dont je sortais, ce mélange de mouvements de danse jazz et de hip hop, ces chorégraphies qui ressemblent à celles qu’on peut voir dans les clips et je me suis demandée pourquoi j’avais mis si longtemps à revenir à la danse alors que cela m’a toujours apporté un bien être immédiat.
La première fois que j’ai mis les pieds dans une salle de danse je devais avoir l’âge de ma fille, en témoigne une photo où je suis en tenue (justaucorps et collant) sur les planches d’une scène. Brève incursion dans la danse classique quelques années plus tard mais je n’avais pas le physique (trop de poitrine et de mollets, déjà !) pour porter avec grâce tutu et pointes. Jusqu’à la fac, j’ai suivi des cours de modern jazz et de danse contemporaine, raté aucun gala, eu une envie terrible de faire pipi dans les coulisses le jour du spectacle et oublié ma timidité une fois sur scène comme si ce n’était plus vraiment moi.
C’est justement ce qu’a demandé la prof de street jazz lors du premier cours, de ne pas être « nous », ne pas être ces femmes qui, à part celles qui s’aiment assez pour poster des selfies en veux tu en voilà, se trouvent toujours trop quelque chose. Ranger l’image qu’on a de soi dans un tiroir et se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, de celle qui a l’air si à l’aise dans son corps (ma voisine la blonde ?) voire même celle qui se la raconte un peu. Et là, face au miroir, loin de tous les regards qui jugent, comparent, évaluent, chacune se lâche, s’oublie.
Moi qui ne suis jamais tranquille comme dirait Jeanne Cherhal dans L’oreille coupée, moi qu’on qualifie de calme alors que je suis bouffée par l’angoisse intérieurement, j’ai enfin retrouvé ce moyen d’appuyer sur la touche pause de mon cerveau et de ne plus penser à rien qu’à l’enchaînement des pas, au rythme, à la coordination des bras et des jambes. Je suis comme déconnectée de moi même et c’est tellement reposant que j’aimerais pouvoir m’offrir une heure de danse quotidienne (j’en ai casé deux heures dans la semaine, c’est déjà pas mal).
Dans le dernier livre d’Olivier Adam, Peine perdue, je suis tombée sur une citation qui explique parfaitement ce ressenti, même si ici il ne s’agit pas de danse mais de boxe :
L’oubli dans lequel ça le plonge de boxer est indéfinissable. Cette façon que ça a de le sortir de lui. De le réconcilier. De le fondre dans l’air. De faire corps avec son corps. De le faire sentir réuni et simplifié. […] Il quitte la salle et l’air est doux. Grimpe sur sa moto et roule le long de la mer et ça persiste un peu la griserie, les chairs délassées, l’esprit lessivé, le coeur net.
Concrètement le cours de street jazz ( là où je le suis en tous cas) commence par un échauffement, des isolations suivi d’une chorégraphie que la prof explique pas par pas (à la différence de la zumba où il faut suivre ce qui se passe sur scène et accepter d’être un peu paumée au moins au début de l’année). En ce moment on danse sur Michael Jackson du groupe Cash Cash, histoire de vous donner une idée de l’ambiance musicale. Le cours a lieu face à un grand miroir comme dans un cours de danse classique pour corriger ses positions et se termine par des étirements. Quand on aura progressé, on dansera peut-être aussi bien que dans cette vidéo :
et même si on est très loin de cette perfection à la fin de l’année, il en restera un sentiment de liberté, le plaisir de s’amuser comme si on avait 15 ans (bon ok certaines ont vraiment 15 ans), ces f******* poignées d’amour en moins (enfin j’espère) et quelques heures dans la peau de ma voisine la bombasse : )
Photo trouvée sur Pinterest
29 Comments
Continue de te faire plaisir, surtout.
Tu m’as bien fait rire avec le côté sketch de ton arrivée devant l’ascenseur… Toute transpirante quand tu aurais voulu être rayonnante. Je m’y vois bien, figure-toi ! Je connais bien cette loi des séries.
Vive la danse,
Bises !
et bravo pour la marche rapide !
Cette année j’ai arrêté la danse pour me consacrer à la gym suédoise mais j’y reviendrai sûrement. En tout cas sache que moi aussi je sue (des cheveux et de partout): quand le cours se termine, je suis rouge pivoine et dégoulinante, mais qu’importe! Le principal est de passer un bon moment et de se défouler après des journées parfois stressantes. Il y aura toujours des voisines blondes toujours impeccables, mais on n’est pas à un défilé de mode 😉
et ça te plait la gym suédoise ? ce que j’aime dans la danse par rapport à du fitness c’est l’aspect expression de soi aussi
Bravo pour ce joli article, ça m’a bien fait rire le coup de la blonde!
C’est marrant parce que j’ai moi-même commencé le street jazz depuis trois semaine et j’adore (j’en parle sur mon blog si tu veux jeter un oeil ;)).
J’en ressors à chaque fois bien défoulée et j’adore le côté cardio des échauffements.
J’ai beau faire pas mal de danse, j’ai encore beaucoup de mal à me lâcher sur les choré et à me la « péter » comme on nous le demande parfois en street jazz, mais ça va venir!! Et je pense que ça va beaucoup m’aider pour les autres danses!
Contente d’avoir trouvé une copine de street jazz ! 😉
Pauline
Le street jazz a l’air pas mal pour une réconciliation avec l’estime de soi 😉
Je ne suis pas la seule à aimer la danse….oui ok. Mais SURTOUT, je ne suis pas la seule à suer des cheveux, a dégouliner de la boîte crânienne. Et ça, ça n’a pas de prix! Merci 😀
Ton article m’a ravie . J’ai 45 ans, j’ai commencé la danse il y a 4 ans (avant c’était fitness a fond) au CMG et en studio et outre les benefices evidents (poids, posture, bien etre) , je partage ce tabou de la transpiration de la tête avec vous 😉 J’en ai meme posé la question a mon medecin (c’est genant quand ma queue de cheval disperse des gerbes d’eau dans les mouvements de tete ! )… Bon a priori rien d’anormal alors j’ai trouvé deux solutions : la laque anti humidité de John Frieda (on s’asperge bien avant le cours et les cheveux restent presque secs … mais on transpire plus ailleurs !) ou le bonnet (petit souci de look quand meme en street jazz quand on n’a plus 20 ans comme moi… Voilà ! Bonne fin d’année et bonnes danses ! Luce
je note pour la laque même si en effet ce n’est pas très gênant, j’ai cours le soir et je me lave les cheveux en rentrant (le bonnet je ne le sens pas trop ) …vive la danse et bonne fin d’année à toi aussi !