C'est un beau roman

Dans la peau d’une actrice, d’un comte ou d’un flic

Comme je vous le disais récemment, je fais partie du jury du Prix des lectrices Elle 2019 et j’ai reçu ma première sélection de livres à lire, à « chroniquer » et à noter, la sélection de septembre. J’avais eu en amont un mail m’annonçant les 3 titres que j’allais recevoir, ce qui gâche un peu l’effet de surprise (du coup pour octobre, je n’ai pas lu le mail )) mais sur les 3 livres, je n’avais vu passer dans la presse que celui concernant Maria Schneider.
C’est pour moi un des intérêts de participer à ce prix littéraire : lire des bouquins qui n’auraient probablement pas fini entre mes mains, en particulier pour la catégorie documents.

Alors cette première sélection qu’est ce que j’en ai pensé ? (dans mon ordre de lecture ) :

Tu t’appelais Maria Schneider -Vanessa Schneider

Je connaissais à peine le nom de Maria Schneider. Je ne savais pas qu’elle était la fille de Daniel Gélin, la petite protégée d’Alain Delon et de Brigitte Bardot et l’actrice du film qui fit scandale à sa sortie, Le dernier tango à Paris.

Au fur et à mesure de ma lecture, son destin malheureux m’a fait penser à celui de Jean Seberg et hasard, ces deux jeunes femmes, toutes les deux femme-enfant, se croisent dans ce récit.

Vanessa Schneider a toujours été fascinée par sa cousine. Dès 6 ans, elle collectionne tous les articles qui lui sont consacrées.

Est ce parce que la vie de cette actrice a eu des “incidences” directes sur la sienne ? est ce parce qu’elle faisait partie de son quotidien ? Quelque que soit la raison, lorsque Maria Schneider décède, Vanessa Schneider prend la plume et nous parle de son enfance bancale, à côté d’une mère qui ne sait pas l’aimer, de ses débuts au cinéma, de son mal être croissant.

Tu t’appelais Maria Schneider est aussi le tableau d’une époque, celle des années 70 et celui d’une famille où la folie et les excès sont toujours présents.

J’ai été touchée par la vie de cette actrice, manipulée par Bertolucci et Marlon Brandon, portée aux nues et conspuée en même temps, rejetée du monde du cinéma à partir du moment où elle refuse de tourner des scènes de sexe, propulsée si jeune dans un monde où “cet enfant perdu” n’avait peut être pas sa place.

Réduite à une image (même Libération lorsqu’il fait son portrait, choisit une photo d’elle nue, ce qui serait impensable pour un homme), Vanessa Schneider redonne à Maria Schneider avec ce livre, une complexité et une épaisseur humaines.

 

 

Voir cette publication sur Instagram

 

🎬 Une enfant perdue 🎬 Je ne connaissais rien de Maria Schneider, je n’ai vu que de courts extraits du Dernier Tango à Paris🗼. Au moins je n avais pas d’idée toute faite concernant cette actrice. Propulsée trop tôt dans le monde de la fête, puis dans celui du cinéma 🎥 sans être accompagnée et préparée, Maria Schneider a été portée aux nues et conspuée à la fois, manipulée par Bertolucci et Marlon Brandon, protégée par Bardot et Delon. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’a pas eu un destin banal. A travers son portrait où demeurent les zones d’ombre, Vanessa Schneider dessine le tableau d’une époque, les années 70, celui d’une famille pleine d excès et de folie. Elle redonne surtout à Maria Schneider, trop souvent réduite à une image, une épaisseur humaine. #grandprixdeslectriceselle2019 #recit #mariaschneider #cinema #actrice #rl2018 #bookstagram #bookish #booklover

Une publication partagée par bookaddict (@bookaddictlyonnaise) le

Un gentleman à Moscou d’Amor Towles

Un million d’exemplaires vendus, distingué comme l’un des meilleurs livres de l’année 2016 par le Chicago Tribune, le Washington Post, le Philadelphia Inquirer et le San Francisco Chronicle, j’avais quasiment l’obligation d’aimer Un gentleman à Moscou après avoir lu cette présentation.

J’ai pris consciencieusement des notes par peur de me perdre dans tous les personnages présents dans cette histoire qui dure sur plus de 30 ans, celle du Comte Rostov assigné à résidence à l’Hôtel Métropole, situé à deux pas de la place rouge à Moscou.

Pour maîtriser le cours de sa vie face à son enfermement (il occupait une suite, il se retrouve dans un tout petit espace), il se consacre dans un premier temps aux détails pratiques, à son confort quotidien et prend soin de rythmer son quotidien de petits plaisirs (un mille feuilles, un rdv hebdomadaire chez le barbier). Il participe par la suite au bon fonctionnement de l’hôtel.

Ses années de “captivité” sont aussi marquées par des rencontres : Nina, la fillette qui s’habille toujours en jaune, Anna une star de cinéma, celle qui deviendra sa fille adoptive et bien d’autres.

Malgré la galerie de portraits (au fil du temps les rapports du Comte avec les membres du personnel de l’hôtel vont changer), malgré des références à la littérature classique mais aussi à la cuisine et aux accords mets/vins, malgré quelques traits d’humour, l’auteur ne m’a pas embarqué dans l’histoire de la Grande Russie qui se dessine en arrière plan.

J’ai attendu le fameux déclic, le moment où je brûlerais d’impatience de retrouver Un gentleman à Moscou pour connaître la suite mais la vérité est que, pour moi, le comte Rostov est resté un personnage de papier et que ce livre dont la belle couverture -semée de détails rappelant l’intrigue- m’a très souvent ennuyé.

 

La disparition d’Adèle Bedeau

Sur la couverture de La disparition d’Adèle Bedeau, s’affiche la devanture d’un bar tabac avec un néon rouge. On pense aux photos de Raymond Depardon, celles de cette France ni sur le devant de la scène ni particulièrement marginale, cette France quasi invisible avec ses enseignes si “années 80”.

Et c’est dans cette France que Graeme Macrae Burnet installe son intrigue : Saint Louis, une ville alsacienne, pas loin de la frontière allemande et suisse, une ville sans histoire, sans éclat, affreusement banale. La vie ici semble se résumer à une suite de petites habitudes immuables, preuve en est le quotidien de Manfred Baumann. Toujours le même restaurant La cloche, toujours le même plat du jour, toujours la même place à la même table, toujours les mêmes clients jouant au même jeu de carte, toujours la même sortie le week end pour ce solitaire inadapté qui ne demande rien d’autre qu’à passer le plus inaperçu possible.

Quant à Georges Gorski, policier à Saint Louis, il n’a rien d’un héros aux hauts faits. S’il a rêvé un jour de faire carrière à Strasbourg, il est aujourd’hui autant résigné professionnellement que face à son couple mal assorti.

Pourtant le jour où Adèle Bedeau, serveuse au restaurant La Cloche, disparaît, l’apparente banalité de ces existences bien réglées commence à se fissurer.

Ne vous attendez pas à un page turner ou à un rebondissement à chaque chapitre avec ce roman noir. La force de La disparition d’Adèle Bedeau– qui se savoure lentement – est de camper une atmosphère de plus en plus pesante comme dans un film de Claude Chabrol.

L’autre point fort du roman est le très fin portrait des deux hommes, Manfred Baumann et Georges Gorski, dont l’auteur alterne les points de vue. Éteints, pas particulièrement intéressants à la base, l’écrivain a le talent de les rendre vivants et en un sens attachants avec leur fêlures, leur solitude et leur mal être.

 

Est ce qu’un de ces titres vous tente ? J’attends maintenant avec impatience la prochaine sélection !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.