C'est un beau roman

Immigration et mort de JJG : 3 livres courts

Comment crâner en société en disant que vous avez lu trois livres en une semaine ? Facile ! En ne lisant que des livres courts 🙂 Plus sérieusement, je privilégie les livres courts pour les livres qui sont dans mon sac et que je lis pendant les transports.

La cité de mon père

Medhi Charef, écrivain et réalisateur, est considéré comme le créateur de la « littérature beur ». J’écris cela après m’être renseignée car dire vrai je n’avais jamais entendu son nom. Né en Algérie, il est arrivé en France dans les années 70 d’abord dans des bidonvilles jusqu’au jour où sa famille a été logée dans un HML. C’est ce moment là précisément que Medhi Charef choisit de raconter dans La cité de mon père avec un regard plein de tendresse pour ses parents, un regard lucide aussi sur cette double identité et le sentiment de n’être nulle part chez soi.

J’ai trouvé son récit très touchant et juste et j’ai très envie de lire d’autres titres de cet auteur.

Mon père reconnaît les lettres de l’alphabet français qui composent son nom. Emu, il fait un pas vers les boîtes, tend le doigt vers l’étiquette blanche où est écrit « Charef ». Je ne dis rien. Je le regarde, l’observe. C’est son nom qui est aussi devenu le mien : Charef. A quoi pense-t-il ?
Beaucoup d’hommes rêvent de voir leur nom briller en rouge, en larges lettres, encadré de néons multicolores, scintillant, clignotant, en haut d’une affiche, sur un fronton. Mon père, son nom n’est pas plus haut que ses yeux et, déjà, il n’en revient pas.

Requiem pour la classe moyenne

Dans la scène d’ouverture du roman, Etienne, le personnage principal de Requiem pour la classe moyenne, est au volant de sa voiture sur la route du retour des vacances avec femme et enfants. La façon dont la scène est décrite comme si tout était sur un fil ténu qui pouvait casser à tout moment m’a laissé croire qu’il allait se produire un accident (à moins que ce ne soit une pure projection, j’ai peur en voiture et je ne conduis pas).

 Soudain à la radio la nouvelle tombe : Jean-Jacques Goldman est mort et c’est cette annonce qui va tout faire basculer dans la vie d’Etienne, tout éclairait d’un nouvel angle. Son apparente vie sans problème a de moins en moins de sens  comme si la mort du chanteur remettait tout en perspective. Etienne lui-même est sans cesse confronté au sentiment d’être un figurant dont on fait peu de cas au boulot comme dans son couple ou auprès de ses enfants.

Cette sensation inquiétante qui flotte dès le début du roman se poursuit sans qu’on sache si cela va vraiment tourner au drame.

A déconseiller aux personnes qui comme moi dépriment systématiquement en janvier !

Assemblage de Natasha Brown

Assemblage est le portrait d’une jeune femme noire qui travaille à la City à Londres. Elle vient d’avoir une promotion, elle gagne bien sa vie, elle a un petit ami dont les parents ont une superbe maison dans la campagne anglaise. Elle coche toutes les cases de la réussite sociale mais alors qu’elle s’apprête à aller à une garden party chic, elle s’interroge sur ses envies et son identité. Toute sa vie jusqu’à présent, elle s’est « intégrée », elle a répondu à cette fameuse « assimilation » passant outre tout le racisme insidieux subi, offrant toujours aux autres l’image qu’on attendait d’elle.

Elle a ainsi le sentiment de n’avoir été que des pièces d’un puzzle mais l’assemblage de toutes ces pièces a t il un sens ?

Natasha Brown traduit ce morcellement identitaire par un morcellement dans l’écriture, déconstruisant totalement le fil narratif.

C’est sans doute brillant, très brillant techniquement mais j’ai trouvé le traitement si clinique et froid, que cela m’a laissé totalement en dehors du récit. Cette jeune femme pour moi reste un personnage de papier comme tous les personnages qui l’entourent.

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