C'est un beau roman

Perdue dans le royaume d’Emmanuel Carrère

Je suis enfin venue à bout des plus de 600 pages du dernier roman (est ce vraiment un roman ? un essai romancé me paraitrait plus juste) d’Emmanuel Carrère, Le royaume mais je n’en tire aucune fierté car je crois que ma culture religieuse est au même niveau qu’elle ne l’était quand j’ai ouvert ce livre. En savoir un peu plus sur les origines du christianisme est l’une des raisons qui m’ont poussé à le lire, l’autre raison étant que j’avais beaucoup aimé D‘autres vies que la mienne et L’adversaire.

J’ai trouvé la plume d’Emmanuel Carrère virtuose, élégante, percutante mais dans son royaume, je me suis souvent perdue. Pourtant au début la lecture était quasi jubilatoire. Emmanuel Carrère raconte qu’il a été scénariste de la série Les revenants (dont j’étais incapable de regarder plus que quelques épisodes même si elle n’était pas trash du tout mais dont l’ambiance et certains éléments me terrorisaient véritablement) et qu’il a abandonné le projet en cours de route. L’idée prend forme alors dans son esprit de raconter l’histoire de la chrétienté comme une sitcom avec des personnages récurrents, des rebondissements, un rythme.

S’il choisit ce sujet, ce n’est pas un hasard. Il se décrit comme curieux de la croyance et a même failli partir sur une croisière catholique avant de se raviser. L’écrivain a été lui même très pratiquant pendant 3 ans et pendant cette période a noirci de commentaires plusieurs cahiers qu’il se décide à rouvrir quand il se lance dans l’écriture du livre.

Emmanuel Carrère explique aussi le rôle de sa marraine Jacqueline qui lui offre le nouveau testament, sa rencontre avec Hervé et la révélation qu’il vit lors d’une messe dans une grange transformée en chapelle dans un petit village de montagne.

L’histoire de la nounou Jamie, hippie illuminée, est particulièrement drôle (pour son couple à l’époque cela a du être plutôt un enfer) et clôt la première partie du livre pendant laquelle l’auteur nous parle de ses rapports à la religion. C’est à peu près à ce moment là que j’ai arrêté de prendre des notes (parce qu’il m’aurait fallu alors tout noter tant je manque de références).

Par la suite, je me suis accrochée tant que j’ai pu, j’ai trouvé amusant et pertinent les anachronismes volontaires de l’auteur pour nous faire comprendre  des faits qui se sont passés en Grèce entre 50 et 70 après JC. La vie quotidienne à Rome m’a plus intéressé que cette exégèse qui, finalement, je m’en rendais compte était trop érudite pour moi. J’ai eu envie de me plonger dans l’Iliade et l’Odyssée suite aux passages lui étant consacrés mais je suis sûre qu’Emmanuel Carrère a le don de rendre cela plus vivant et intéressant que le texte seul.

 J’ai lu que Pivot avait été choqué par un passage qu’il qualifie de pornographique. J’avoue que je me suis demandée pourquoi Emmanuel Carrère avait glissé ces quelques pages sur la masturbation féminine en plein milieu (réveiller son lecteur?) de son livre mais la trivialité de l’auteur, que l’on retrouve à d’autres endroits de manière plus brève, ne me déplait pas.

Même si j’avais envie d’en finir avec cette enquête sur Saint Paul, je suis en même temps plus qu’ impressionnée par l’ampleur de ce projet, par les mille et un sujets abordés par ce livre (même si les multiples digressions ne facilitent pas la lecture), par les questionnements et le cheminement de l’écrivain qui aujourd’hui semble plus porté sur le yoga et la méditation …impressionnée par cet ovni littéraire.

Je n’attendais pas de réponse de ce livre et si l’auteur parait assez imbus de lui même parfois (et s’en amuse), sa conclusion est beaucoup plus humble et nous laisse face à nous même.

 Un livre lu en partenariat avec Price Minister dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire 2014

13 Comments

  1. Je te rejoins à 200% sur toute la ligne !!! même sur le passage qui a choqué Pivot !

    • j’ai vu que toi aussi tu t’étais perdue : )
      cela aurait été chouette d’en discuter autour d’un thé (pourquoi on n’a pas encore inventé la télétransportation ? )

  2. Alors pour ma part, je n’ai pas du tout percuté le passage dont tu parles sur la pornographique…
    En revanche, ton avis m’intéresse sur ce que le livre a pu ou non t’apporter. J’ai été élevée dans la religion catholique donc les textes évoqués me sont familiers. Mais justement je me demande s’il n’est pas à peine trop complexe pour des lecteurs qui ne connaissent pas du tout…

    • pour ma part, tous ces textes ne me sont pas du tout familiers, j’ai été élevée plutôt dans une famille anticléricale…du coup j’ai ramé sûrement plus que toi

  3. Je suis coincé quelque part vers la page 340…
    J’avais tellement aimé Un Roman Russe et D’Autres Vies Que La mienne…
    Moi aussi je suis perdue !

  4. Je t’avoue que je n’ai pas été tentée par cette lecture pourtant j’apprécie l’auteur… Et je ne suis toujours pas tentée.
    😉

  5. Quand j’aurais un peu plus de temps, je pense que je me laisserai tenter par ce pavé… Mais je pense qu’il faut être vraiment concentré, ce qui n’est pas le cas en ce moment (tout du moins pas sur la lecture…) !

    • oui ça demande de la concentration et ce n’est pas le genre de livre dont tu peux lire 100 pages d’un coup (en tous cas pas moi )

  6. Je crois que je vais passer mon tour pour ce livre… je lis très peu en ce moment, alors je crois qu’il faut mieux que je lise quelque chose de plus « léger ».

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