J’aime bien les cabines téléphoniques rouges à Londres, les vieux tramways à Lisbonne, les petites barques échouées en bord de plage en Bretagne, le fromage avec un verre de vin rouge, les baisers sous la pluie et les amoureux qui se courent après dans les rues de Paris dans les films, les nappes à carreaux rouges à la terrasse de certaines brasseries mais j’aime moins les clichés quand ils concernent les gens.
Je blogue depuis plus de 10 ans et il me semble que certains clichés concernant les blogueurs ont la peau dure. Si quelques personnes pouvaient lire cet article et revoir un peu leurs idées reçues et peut être du coup leurs pratiques, j’aurais mis ma petite goutte d’eau dans l’océan des relations blogueurs.
Cliché numéro 1 : le blogueur est un scribe
Il y a quelques années en arrière, j’étais prête à excuser cette pratique consistant à envoyer en masse des communiqués et dossiers de presse aux blogueurs en leur demandant de les relayer. Parfois je tapais sur les plus belles touches de mon clavier pour leur expliquer qu’un blog était (a priori) un point de vue subjectif et personnel, un retour d’expérience et que le fait de reprendre le contenu d’un communiqué n’avait aucun intérêt ni pour moi ni pour les personnes qui me lisaient.
Depuis, même si je me suis désabonnée à un nombre très important de listes de diffusion, 90% (si ce n’est plus) des mails que je reçois ne sont ni personnalisés (astuce qui consiste à changer juste le prénom, le blogueur serait donc un scribe idiot), ni ciblés (absolument tout et n’importe quel sujet) et sont des communiqués de presse qui finissent à la poubelle.
La formule qui fait mouche : » Un sujet sur xxx serait il susceptible de vous intéresser ? »
Cliché numéro 2 : Le blogueur est parisien
Énorme scoop de cet article : des blogueurs vivent en dehors de Paris, si si je vous assure il y en a même un peu partout en France et dans chaque région. Oui je sais une vie en dehors de la capitale c’est dur à croire, cela explique sûrement pourquoi 99% des invitations que je reçois concernent Paris (récemment dans un élan d’enthousiasme j’ai ajouté un logo made in Lyon bien en vue en haut à gauche de ma page d’accueil, oubliant qu’en fait très peu de mes interlocuteurs lisent ne serait ce qu’une ligne du blog et se demande du coup encore moins où j’habite).
La plupart du temps je ne réponds pas, du coup je reçois 3 ou 4 mails de relance voire même parfois un coup de fil … l’efficacité de l’envoi en masse : )
Cliché numéro 3 : Le blogueur s’amuse
Attention cliché alimenté par certains blogueurs eux mêmes qui affirment haut et fort que c’est juste du fun, de l’amusement, pour rire. Si je blogue depuis 10 ans avec une régularité à peu près constante, c’est bien entendu que j’y trouve du plaisir et je ne me suis jamais forcée à écrire pour écrire. Par contre, pour moi, tenir un blog sur la durée et avec du contenu régulier, c’est du temps et du travail (et encore plus quand on a l’idée un peu folle de lancer un autre blog spécial choux sucrés !)
Même si wordpress et d’autres cms permettent via des plateformes comme 1&1 de créer un blog sans avoir besoin d’être un geek, choisir un template, le personnaliser, travailler une bannière, trouver une accroche et des titres aux articles, trier et recadrer des photos, tester des recettes qui parfois foirent, chercher des informations complémentaires, répondre aux commentaires et aux mails, relayer les articles sur les réseaux sociaux représentent au final un nombre d’heures important.
Bloguer a un aussi un coût : celui de l’hébergement et du nom de domaine, celui de certains logiciels même s’il en existe pas mal de gratuits, celui du matériel photo et vidéo, etc.
Voilà pourquoi je ne suis pas choquée, selon le contexte bien entendu, que le travail des blogueurs soit rémunéré.
Cliché numéro 4 : Le blogueur vit de son blog
Paradoxalement, l’idée selon laquelle le blogueur vivrait de son blog est aussi très répandue (probablement parce que l’idée est aussi séduisante que les pilules minceur miracle), diffusée par les médias dans des articles mettant en avant quelques contre exemples (sont-ils influencés par le fait qu’aux États-Unis blogueur peut être une profession).
Soit certains blogueurs ont ouvert leur boutique, écrit des livres ou signé des contrats avec des marques grâce à leur blog qui leur sert de vitrine. Peut être que l’affiliation permet des revenus non négligeables aux blogueuses mode et beauté les plus connues mais le plus souvent penser qu’on peut vivre de son blog est un miroir aux alouettes.
Message de service aux agences qui pensent donc qu’on a les moyens de se payer transports et hébergement pour ensuite parler d’une marque ou d’un produit : le blog n’est pas une rente.
J’aimerais terminer sur un message d’espoir. Je n’en ai pas. Est ce que deux messages de désespoir vous iraient ? Woody Allen
Bref les pratiques évoluent très peu ou très lentement et c’est certains jours assez décourageant. Néanmoins il existe aussi des personnes qui choisissent le qualitatif au quantitatif, le mail perso au mail de masse, la collaboration « sur-mesure » au copier-collé et je vois alors le blog comme la cerise sur le quotidien.
Et puis pour aller au-delà des clichés, rien de tel que de rencontrer en vrai les personnes. Si je jette un regard dans le rétroviseur, c’est d’ailleurs la première chose qui me vient à l’esprit : tous les gens que je n’aurais jamais connu, avec qui je ne serais jamais devenue amie sans ce blog.