C'est un beau roman

Daddy Love : à ne pas lire avant d’aller dormir

Je n’avais jamais lu de roman de Joyce Carol Oates jusqu’à présent malgré toutes les éloges à son sujet. Je crois que je m’étais mis en tête que son style était trop ardu pour moi, que je décrocherais forcément et que, par ma fierté, je voulais éviter que cela arrive (oui je sais c’est très tordu). L’écrivain américaine ayant un rythme de publication assez affolant, j’ai vu passer ses titres les uns après les autres. J’ai failli me décider avec Blonde du fait du sujet (Marilyn Monroe) mais l’épaisseur du pavé m’en a éloigné. Peut être que Daddy Love est plus « facile » à lire que d’autres livres de Joyce Carol Oates, en tous cas je n’ai buté sur aucune page et je suis très vite rentrée dans son univers.

Je ne sais pas ce qui m’a convaincu cette fois et pas les autres, d’autant plus que le thème du roman, l’enlèvement d’un enfant puis le récit de sa captivité ainsi que le portrait du « prédateur », aurait plutôt tendance à me faire fuir depuis que je suis mère (je serais incapable aujourd’hui de lire certains livres de Mao Hayder particulièrement thrash et concernant des enfants).

Je me souviens d’un cauchemar très réaliste (y a t il des cauchemars où l’on se dit « mais non ma grande c’est un cauchemar » ?) où j’étais dans une rue très étroite que j’empruntais souvent gamine lorsque j’habitais à Montélimar et au bout de cette rue, je voyais un homme pousser mon fils (qui se débattait et hurlait) dans une camionnette. J’avais les pieds comme englués dans le sol et aucun son ne sortait de ma bouche.

Joyce Carol Oates avec Daddy Love plonge le lecteur (et il me semble encore plus tout parent) dans ce cauchemar. Les premiers chapitres reviennent sur la même scène, celle qui précède l’enlèvement de l’enfant, cette scène pendant laquelle une mère cherche sa voiture sur le parking d’un centre commercial, tenant fermement par la main son fils. Comme on sait ce qui va arriver, on guette le moment où le fils va lâcher cette main et la tension monte au fur et mesure que les pages se tournent.

Et puis ce que l’on craint le plus, survient mais ce n’est que le début du cauchemar. Après avoir appréhendé le kidnapping, on se demande ce qu’il va advenir de Robbie (le jeune garçon), les années passant, sachant que Daddy Love se débarrasse de ses proies dès qu’elles atteignent la puberté. Joyce Carol Oates nous plonge dans l’horreur et son personnage, si charmeur à l’extérieur, si terrifiant dans l’intimité, n’a pas fini de nous hanter.

Et vous, avez vous déjà lu un livre de Joyce Carol Oates ?

(édit : ne lisez pas la quatrième de couverture, on n’en apprend beaucoup trop !)

11 Comments

  1. Oates fait partie de mes auteures préférées, pourtant je ne suis jamais arrivée au bout de certains de ses titres, tandis que d’autres m’ont fascinée. Je voudrais beaucoup lire celui-ci, en dépit de son sujet…

  2. j’en parlais avec une amie qui vient de publier son billet sur ce livre également – j’ai Blonde dans ma pàl mais j’aimerais commencer par un plus ancien (celui qui l’a révélé au grand public, une de ses novellas).
    comme toi j’ai longtemps cru que cette romancière « n’est pas faite pour moi » mais en voyant les chroniques fleurir ci et là, je me dis que j’ai tort !
    je suis allée à la bibli et j’ai vu trois livres – Carthages m’attirait mais il est énorme !

  3. J’adore cet auteure mais je n’ai pas lu ses derniers livres (par manque de temps). En effet tout n’est pas facile d’accès mais sa biblio est tellement dense… je suis entrée dedans avec Zombie, un choc !

  4. J’ai lu Blonde à sa sortie et je me souviens avoir bien aimé le style de l’auteure.

  5. J’ai laché Daddy love, j’ai un loulou de l’âge de Robbie et j’en suis venue à être complétement parano pendant la lecture du livre, j’ai arrêté… Mais la qualité d’écriture est là, toujours…
    J’adore JCO, j’ai aimé Blonde, les chutes, Zombie, Petit fille noir petite fille blanche, petite soeur, Nous étions les Mulvaney, Délicieuses pourritures, Maudits (oh my god, pas facile mais magnifique !), Mudwoman, et le dernier lu, qui m’a remuée énormément, c’est Mère disparue, j’ai adoré !
    Et il y en a plein que je n’ai pas lu (elle a une vitesse de « production » dingue, plusieurs livres par an je crois), chouette !

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