C'est un beau roman

Les corps brisés : un thriller oppressant

J’ai emporté Les corps brisés d’Elsa Marpeau lors d’un trajet à Paris : 2h aller, 2h retour, assez pour le commencer et le terminer alors que les paysages défilaient derrière la fenêtre. C’est presque un plaidoyer pour les transports en commun mais à Lyon, je marche beaucoup et la durée entre quelques stations est trop courte pour se plonger vraiment dans un livre.

J’avais d’abord vaguement lu la quatrième de couverture et le début de l’intrigue et j’ai pensé retrouver un peu « Patients » de Grands Corps Malade (« chronique » qui est un des billets les plus lus, le titre ayant été probablement donné à étudier à des élèves et histoire de gagner du temps, j’imagine qu’ils viennent lire le résumé, espérant aussi un avis très détaillé….perdu )). En effet l’intrigue se passe dans un centre de rééducation pour grands accidentés de la vie et l’héroïne principale se retrouve dans un fauteuil roulant suite à un accident. Néanmoins la comparaison s’arrête là : Les corps brisés est un titre de série noire chez Gallimard et le bandeau entourant le bouquin annonce à ses futurs lecteurs « A la croisée de Sade et de Misery« .

Le livre commence par la sortie de route de Sarah, coureuse émérite, lors d’un rallye automobile. Son co-équipier meurt sur le coup, elle se réveille paralysée des deux jambes. Après un séjour à l’hôpital, la jeune femme se retrouve dans un centre hospitalier où l’isolement est total (isolement géographique, isolement numérique -pas de wifi, pas de réseau vous imaginez un peu ?, isolement familial) et où certains membres du personnel paraissent étranges. Quand la compagne de chambre de Sarah disparait, le côté « enquête » du livre s’accélère mais l’ambiance pleine de mystère règne depuis longtemps.

Ce thriller a tellement bien fonctionné pour moi (le fait qu’il soit inspiré d’un fait réel « les torturées d’Appoigny » et que certains détails n’ont malheureusement pas été inventés n’y est pas étranger) que j’ai cauchemardé, la nuit suivant ma lecture, au sujet d’un boucher prélevant de la chair humaine (comme on est heureux de se réveiller dans ces cas là).

Si la dernière partie du livre est plus axée autour de la résolution de la disparition, le suspense montant alors crescendo, l’auteur parvient  à nous faire ressentir, dans Les corps brisés, toutes les étapes psychologiques par lesquelles passent Sarah face à son handicap et le fait que son corps est comme une prison. L’écrivain montre aussi très bien la multiplicité des regards que les autres posent sur elle (de l’infantilisme de certains membres du personnel soignant à la tendresse d’autres patients).

Quand ils étaient petits, l’un et l’autre avaient cette pensée magique « T’as qu’à appeler papa, il saura. » Le mantra marchait pour tous les ennuis. Un grand qui embêtait l’un ou l’autre dans la cour. Un réfrigérateur vide. Une panne d’électricité. Un orage. Et même plus tard, au début de leur vie d’adultes, ils continuaient à convoquer la divinité paternelle : un tuyau encrassé, une fuite d’eau, une recette de tartiflette, un bon bouquin à lire, le meilleur fromager de Paris… »T’as qu’à appeler papa, il saura. »
Aujourd’hui, la divinité s’est rompue avec la même facilité que le verre du pare-brise. Il n’est pas venu parce qu’il le sait aussi bien qu’elle : il ne peut rien devant sa souffrance. Son impuissance s’est révélée si brutalement, si clairement pour eux deux, qu’ils préfèrent s’éviter.

Vous est-il arrivé de cauchemarder suite à la lecture d’un livre ?

8 Comments

  1. Ce n’est pas l’entendre de livre que j’ai envie de lire mais tu me convaincrais presque!
    Oui j’ai déjà cauchemarder en lisant un livre, récemment, La forteresse noire. Le monstre du livre s’avérait être réel et s’en prenait à moi…

  2. Hmmmm le résumé est tentant mais est-ce bien raisonnable ^^ ? je ne me souviens pas avoir cauchemardé à cause d’un livre, par contre à cause d’une série ou d’un film ça oui !

    • j’imagine que tu as déjà une énorme pile près de ton lit : )
      avec un film aussi cela m’arrive !

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