C'est un beau roman

2 romans pour se mettre dans l’ambiance de Quais du Polar

Les romans policiers j’en lis à petites doses mais à l’approche de la manifestation Quais du Polar qui a pris beaucoup d’ampleur sur Lyon ces dernières années et qui propose sur 3 jours des conférences, des rencontres, des ateliers pour les enfants, des projections et j’en passe à travers la ville, j’ai eu envie de me mettre dans l’ambiance.

Colin Niel présent à Quais du Polar crédit photo : Opale

Seules les bêtes de Colin Niel

Je ne savais rien sur Colin Niel, j’avoue même n’en avoir jamais entendu parlé, j’ai juste lu à son propos qu’il avait obtenu le Prix des lecteurs Quais du Polar/20 minutes 2016 pour Obia. Comme sur la 4ème de couverture, j’ai vu l’expression magique « roman choral », il ne m’en fallait pas plus pour me convaincre.

L’histoire n’est pas particulièrement originale au départ (une femme a disparu, sa voiture est retrouvée au départ d’un sentier de randonnée qui monte vers un plateau où survivent quelques fermes habités par des hommes seuls) mais le traitement l’est, donnant la parole à chaque chapitre à un personnage en lien (direct ou indirect) avec cette femme pour avancer dans la résolution de l’intrigue. Pas de course-poursuite, pas de suspense haletant, pas de flic antihéros alcoolique, Seuls les bêtes n’est pas un page-tuner mais un roman puissant sur la solitude et une galerie de portraits saisissant d’hommes en quête désespérée d’amour.

On espérait pouvoir prendre des vacances, au moins le mois d’août, cela aurait été une prouesse. On s’inventait des voyages lointains, on rêvait d’Afrique. Oui un jour on irait là-bas, on se persuadait. On dépasserait nos craintes de ruraux casaniers pour s’ouvrir au monde, l’argent, le temps, on trouverait, c’était juste une question de volonté. […] A table, je parlais dans le vide et Michel, lui, parlait de moins en moins. Je reconnaissais à peine le beau jaseur qu’il avait été. Pourtant il n’avait pas l’air malheureux, certains jours je le trouvais même plutôt enjoué, mais il était ailleurs, perdu dans ses pensées d’éleveur de vaches. Dans son monde où je n’avais plus l’impression d’avoir ma place.

Il parait que Colin Niel a été un temps magicien, cela explique peut être ses tours de passe-passe avec le lecteur qu’il emmène là où on ne s’y attend pas. Vous avez sûrement reçu un jour dans votre boîte mail une demande d’argent urgente venant d’Afrique (avec des soucis de santé soi-disant ou des problèmes d’héritage de l’expéditeur). Je ne veux pas trop dévoiler de choses sur l’intrigue mais un des chapitres est un focus sur une personne qui envoie ce genre de messages et c’est vraiment intéressant de voir l’autre bout de la lorgnette.

Bref une belle découverte qui me donne envie de lire les précédents romans de l’auteur.

 

Luis Sepulveda en Patagonie.
Photo: Daniel Mordzinski.

Un nom de Torero de Luis Sepúlveda

De Luis Sepulveda, j’ai lu il y a des années, son premier roman traduit en 35 langues, Le vieux qui lisait des romans d’amour (titre bien plus accrocheur que « Un nom de torero« )). Pour rappel, l’écrivain chilien a été emprisonné pendant deux ans et demi pendant le régime de Pinochet alors qu’il était étudiant. On retrouve dans tous ses romans une dimension politique et c’est le cas aussi avec ce roman noir.

Un nom de torero pourrait faire penser aux aventures d’Indiana Jones par certains côtés puisqu’il s’agit d’une course poursuite entre d’anciens agents de la Stasi et la Lloyd Hanséatique (Lloyd signifiant en gros entreprise et le terme hanséatique faisant référence à une alliance commerciale entre villes d’Allemagne) pour retrouver, 40 ans après leur vol par des nazis, 63 pièces de la collection du Croissant de Lune Errant. Sauf que Juan Belmonte (au service de la Lloyd) a un lourd passé de guérillero et qu’il ne vaut mieux pas venir le chatouiller. S »il a accepté cette mission c’est qu’il n’avait pas vraiment le choix  : retrouver ses pièces d’or est la seule façon de sauver Veronica, en la faisant soigner dans un institut spécialisé. En effet celle-ci est murée dans son silence, brisée par la torture.

J’avoue avoir été un peu perdue dans certains passages mais j’ai retrouvé avec ce polar qui m’a emmené en Patagonie, le formidable raconteur d’histoires qu’est Luis Sepulveda. L’écrivain chilien sera présent à Quais du Polar pour plusieurs conférences et des dédicaces.

A noter : Un nom de torero est disponible en format poche chez Points.

Et les romans noirs c’est pas fini, je suis en pleine lecture de La Veuve de Fiona Barton et Un cri sous la glace de Camilla Creble (polar suédois) m’attend sur ma table de chevet.

Et vous, quel est le dernier polar qui vous a emballé ?

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