En arrivant à Tain l’Hermitage, je ne savais pas trop si je trouverais facilement la maison Valrhona où j’avais rendez-vous. J’avais un peu d’avance, quelques indications sur un cahier mais je n’étais jamais passée dans le coin si ce n’est en voiture peut-être sur le chemin des vacances quand j’étais plus jeune. J’aperçus alors, garée devant l’hôtel de ville, une voiture de collection avec à l’arrière un sac de toile portant l’inscription cacao...la maison Valrhona était quelques mètres plus loin.
Une fois sur place, l’immersion fut immédiate : affiches très gourmandes sur les murs des couloirs, immense poster représentant une pyramide de chocolats dans un des bureaux (je peux avoir le même à la maison?), panettone réalisé par des élèves en formation à l’école Valrhona et coffret de dégustation de grands crus à portée de main (mais non je sais me tenir, je ne touchais à rien).
Après cette mise en condition, direction la chocolaterie, ce bâtiment où peu de monde, à part les salariés, entre. Revêtue d’une blouse, d’une charlotte et de sur-chaussures bleues (j’étais au top de mon glamour bien entendu), je mis un pied dans le premier sas et me retrouvais rapidement au cœur de la salle des machines énormes et bruyantes. Le parcours suivit le trajet de production du chocolat de la torréfaction au conditionnement avec vue plongeante au passage sur une immense cuve brassant et chauffant le chocolat (opération qui dure entre 24h et 72h alors qu’elle ne dure qu’entre 4 et 8h pour du chocolat industriel). Je vous laisse imaginer le parfum dégagé.
Saviez vous qu’à Valrhona il y a un pôle maîtrise du goût constitué d’experts (et ton papa dans la vie il fait quoi ? goûter de chocolat !) ? La couleur du chocolat, son cassant, son odeur tout est analysé avec des centaines de critères. Pour l’heure, prière de ne pas engloutir le carreau en une seule fois mais de le casser en plusieurs morceaux pour l’apprécier pleinement en le faisant fondre une fois dans la bouche. L’étape suivante consiste à expirer pour que la bulbe olfactive analyse aussi la saveur et donne un complément d’informations (note dominante, note d’arrière bouche comme pour le vin)…pas franchement évident )
Inutile de préciser qu’à ce point de la matinée, l’envie de goûter un chocolat devenait pressante et que l’arrivée dans la cuisine où se terminait le stage gourmet (réservé aux amateurs, l’école délivrant aussi une formation pour des professionnels de tous pays) n’arrangea rien à l’affaire. Ce matin là le programme était intitulé « délicieusement châtaigne ». C’est un éclair intensément marron, une tarte pomme châtaigne et un macaron chocolat-châtaigne que le chef pâtissier, Sébastien Curtalin, déposa quasiment sous mes yeux.
J’aurais vexée le chef si je n’avais pas goûté sa ganache montée au marrons, non ? …écrire qu’elle était délicieuse est bien en dessous de la réalité. J’ai ouvert le catalogue des stages proposés aux becs sucrés souhaitant mettre la main à la pâte et aux appellations toutes plus tentantes les unes que les autres : le chocolat porte ses fruits (tarte jivara myrtille, je meurs !), goûters et cakes autrement, chocolatement bon directement inspiré de mes rêves (mousse très chocolat, macarons cœur de guanaja, éclairs chocolat, coulants chocolat) ou encore chocolatissime (que des réalisations autour du chocolat noir). Dites, on fait ploum ploum pour choisir ? )
Il était somme toute assez logique que le dessert proposé au déjeuner, dans le restaurant Le Tournesol, fut …. un soufflé au chocolat si coulant à l’intérieur et croquant à l’extérieur que personne n’en laissa une miette. Je ne sais pas si le chef, Cyril Jamet est enclin à partager sa recette mais les amateurs de dessert chocolaté ne peuvent qu’être comblés.
Il était inimaginable de repartir sans avoir visité la boutique Valrhona mais il faut avoir une volonté de moine tibétain pour pénétrer dans ce temple de la gourmandise et en ressortir les mains vides.
Chocolats à cuisiner, tablettes, coffrets de dégustation, confiseries mais aussi déclinaison de glaces autour du chocolat, je ne savais plus où regarder, j’étais comme un canari qui sortirait soudain de sa cage, à la fois ravi et affolé. J’ai finalement mis dans mon panier quelques tablettes de chocolat Dulcey, nouveauté toute récente de la maison, des éclats lactés à savourer avec le café et des mini barres pour les enfants (qui ne sont pas sur la photo). Raisonnable, non?
J’ai été surprise, au sein de la boutique, par tous les produits proposés en dégustation. Pousse au crime peut-être mais pas radin et en plus la vendeuse ajoutait dans les sacs de chaque client des échantillons : une grosse poignée d’éclats au chocolat noir et une boite Equinoxe (figues séchées enrobées de chocolat au lait) dans le mien.
La rédactrice de ce blog décline toute responsabilité en cas d’envie irrépressible de chocolat après la lecture de cet article.
23 Comments
Par contre, la torture, c’est quand tu passes devant l’usine et que ça embaume le chocolat dans toute la voiture et que tu peux pas t’arréter pour dévaliser la boutique !!!
Bon maintenant, je mangerais bien du chocolat, moi !!!
Bonne journée !!!
Mais j’ai beaucoup pensé à toi quand nous sommes passés devant cet été. Ce qui m’a frappé, c’est l’odeur : les yeux fermés, on sait qu’on est arrivé !!!
Tu as dû te régaler !
*
oui je me suis régalée dans tous les sens du terme )
Sans compter tout le reste …
J’aimerais apprendre à déguster le chocolat de façon « pro » ….
et le reste aussi )
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