C'est un beau roman

La vie devant ses yeux / Laura Kasischke

Ce n’est pas un énième défi de ma part mais à part A suspicious river, j’ai lu tous les romans de Laura Kasischke, retrouvant ses thèmes de prédilection et une atmosphère à la frontière du surnaturel tout en restant dans la narration d’un quotidien souvent banal.

Dans La vie devant ses yeux , même personnage principal, une femme qui a la quarantaine et qui a une seule fille de 10 ans .  Même décor, une banlieue américaine du Middle West. En apparence, tout va bien : Diana est toujours très amoureuse de son mari professeur, elle est un véritable cordon bleu, elle enseigne le dessin à temps partiel et prend suffisamment soin d’elle pour qu’on la qualifie de belle femme.

la vie devant soi

On sait pourtant qu’un drame a eu lieu pendant son adolescence, le roman s’ouvrant sur un flash-back glaçant. Diana aimerait vivre en faisant comme si cet épisode n’était pas arrivé mais peu à peu elle se laisse envahir par les souvenirs et est en proie à des visions de plus en plus fréquentes. Laura Kasischke instille avec toujours le même brio de la tension dans les situations les plus anodines, faisant craindre le pire à son lecteur.  Elle raconte la folie qui s’immisce peu à peu dans son personnage principal et je me demande à force de la lire, si elle même n’est pas un peu fêlée (marquée en tous cas par pas mal de morts brutales dans son entourage quand elle était jeune). Chez elle la nature est souvent synonyme de mort et de pourriture.

Je me suis perdue un peu dans la lecture de La Vie devant ses yeux, n’arrivant pas à démêler le faux du vrai, y compris dans l’épilogue très déroutant malgré une relecture (dans les suggestions de requête google, se trouve d’ailleurs « la vie devant ses yeux fin explication »). Comme dans ses autres romans, j’ai été « fascinée » (le terme peut paraitre fort mais je n’en trouve pas d’autres) par l’écriture de cet auteur et par son univers tissé de secrets, de non-dits, de blessures et de conflits intérieurs.

La vie devant ses yeux de Laure Kasischke, Le livre de poche, 7.10€

23 Comments

  1. Je n’ai lu qu’un livre d’elle qui m’avait littéralement happé. Au vu de ton avis, je me laisserais bien tenter par celui-ci.

  2. J’aime bien les livres qui se passent dans les banlieues américaines 🙂 Démêler le faux du vrai …. quelle gajeure !

  3. J’ai lu d’elle Les Revenants que j’ai vraiment apprécié et A Suspicious River qui m’a laissée un drôle de sentiment, celui que ce n’était pas vraiment un roman, juste une ambiance, qui en outre ne m’a pas plu du tout….

    • l’atmosphère de ses romans peut mettre mal à l’aise…a suspicious river est le seul que je n’ai pas encore lu

  4. Je ne connaissais pas Laure Kasischke. Je vais aller voir à ma médiathèque si ils ont des livres sur cet auteur.
    Merci pour ton avis

    • sinon tu peux leur suggérer d’en acheter un ou deux (Esprit d’hiver, les revenants..) ..dans la bibliothèque publique où j’ai bossé il y avait un cahier de suggestions pour cela

  5. J’ai relu 2 fois la fin et je n’ai toujours pas compris. J’avais déja lu La Couronne Verte qui m’avait laissé un sentiment mitigé. Je crois que je ne lirai plus cette auteure

    • je crois que cette auteure veut laisser la liberté à ces lecteurs de l’interprétation et que ce n’est jamais très tranché mais j’avoue que dans La vie devant ses yeux, ça m’a vraiment laissé sur ma faim car il y avait trop d’incertitudes…sinon j’aime vraiment beaucoup Laura Kasischke car elle a un univers bien à elle, pas interchangeable avec quelqu’un d’autre

  6. Sylvie Haguenauer Reply

    La vie devant ses yeux est un roman donc la conclusion est tout à fait claire, bien que non dite, à la fois poétique et triste. Je viens de lire ce livre, que je préfère à « esprit d’hiver », également une réussite sur une thématique voisine, mais plus grinçant, plus coup de poing dans son dénouement.
    La vie devant ses yeux est l’histoire nostalgique d’un rêve inabouti .
    Après avoir lu esprit d’hiver j’ai compris assez vite de quoi il retournait dans cette vie devant ses yeux, les titres de Laure Kasischke sont explicites et donnent sans qu’on s’en doute la clef de l’énigme, alors que les pages d’ouvertures sont l’illusion. Je n’ai pas vu le film et ignore s’il reflète l’interprétation que l’on trouvera à l’essence de cette vie « devant les yeux » de la jeune fille en fleurs.
    La force des romans de Kasischke est que les indices sont semés, que l’on ne remarque peu ou guère de prime abord mais qui sont essentiels et qui permettent une relecture fructueuse du livre. Dans  » la vie devant ses yeux » voyez ce qui est dit sur l’écureuil qui traverse la route, les vrombissements du moteur de la voiture, l’institutrice stricte et rigide, le devoir d’enfant mystérieusement subtilisé, les fleurs du petit jardin coquet de la maîtresse de maison , ses migraines, les sucreries et le professeur de ses jeunes années. Tout, absolument tout, est indice.

    • bon alors on va dire que je n’ai pas compris car pour moi ça n’a pas été clair du tout..il faudrait que je le relise pour voir si tout ce que j’ai loupé me saute aux yeux cette fois ci ..merci pour l’explication : )

    • Sylvie Haguenauer Reply

      Oups, ligne un : lire « dont la conclusion » et non « donC la conclusion… »

  7. Bonjour
    je termine à l’instant « la vie devant ses yeux » et c’est justement en voulant chercher des explications sur sa fin qui n’est pas claire que je tombe sur votre post.
    Pour moi c’est Diana qui a été tuée, peut être parce qu’elle a demandé à ce que l’autre soit tuée…mais Maureen l’est elle aussi?…elle tombe d’abord dans le coma (sa maman demande : est ce qu’elle m’entend?) où elle voit défiler sa vie comme elle aurait aimé qu’elle soit puis meurt (son enterrement est décrit alors comme le défilé de la reine de mai)…avez vous pensé comme moi?
    je ne savais pas qu’un film existe et je vais essayer de le louer…
    j’aime beaucoup les atmosphères de Laura K…j’ai commencé avec les revenants puis en un monde parfait et esprit d’hiver, les achetant à leur sortie
    C’est en découvrant que le film white bird que je vais aller voir en décembre dans le cadre du ciné plus de ma ville est tiré d’un de ses livres que je me suis aperçue qu’elle en avait écrit plusieurs autres…j’en ai acheté trois dont la vie devant ses yeux…je vais attaquer suspicions river puis rêves de garçons et il me restera à acheter une couronne verte et peut être l’oiseau blanc dans le blizzard car voir le film après le livre ne doit pas être dérangeant, au contraire d’ailleurs…
    Bonne soirée et à bientôt j’espère pour lire votre ressenti sur cette fin
    corinne

    • j’ai toujours peur d’être un peu déçue par les films (souvent moins riches que les livres sur le principe d’une même histoire)…moi aussi j’aime beaucoup l’atmosphère de ses romans !

    • Sylvie Haguenauer Reply

      C’est exactement cela. Je n’ai pas le livre « devant les yeux », par conséquent je ne me rappelle plus combien de victimes étaient dénombrées dans ce « mass shooting » mais il me semble que les deux filles ont été tuées, la seconde, celle qui voulait égoïstement survivre à sa camarade d’infortune et s’imagine une vie rêvée, n’est pas graciée par le tueur et décède, c’est une certitude, probablement peu après avoir été transportée à l’hôpital (indices: le goût du bonbon qui reste sur la langue….les fleurs du jardin…les horribles migraines…le vrombissement du sang qui bat dans la tempe…)

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