C'est un beau roman

Le nouveau nom, la suite de l’amie prodigieuse

J’ai attendu d’être en vacances en Sardaigne pour lire, Le nouveau nom, le second tome de la saga d’Elena Ferrante, après avoir fermé il y a trois mois L’amie prodigieuse. J’avais hâte de retrouver les deux héroïnes, leur famille et leurs amis, leurs aspirations et les déceptions, le fil de leur vie, Naples et les rapports complexes entre elles deux.

Nées dans le même pays, dans le même quartier, dans une classe sociale similaire, les chemins d’Elena et Lila sont pourtant bien différents et cette différence se creuse dans ce second tome (je vous laisse découvrir comment pour ne pas vous dévoiler trop de l’intrigue).

Comment expliquer l’énorme succès de cette saga ? Pour ma part, je retrouve chez Elena quelque chose de très familier : elle est à la fois la plus « raisonnable » de deux jeunes femmes, elle n’ose pas toutes les folies de Lila mais est déchirée intérieurement entre admiration et désapprobation. Elena est toujours assaillie par les doutes et si ceux ci sont balayés parfois par un compliment ou un succès, ce n’est toujours que temporaire. Elle passe toute la première partie de sa vie à ne pas se sentir à la hauteur, inférieure aux autres, plus laide que Lila et les autres femmes en général.

Elena souffre aussi d’un complexe social qui me parait, si ce n’est universel, tout du moins, souvent éprouvé : elle a grandi dans un milieu où personne n’a suivi d’études. Quand elle se retrouve à Pise après le bac, elle se force, pour être conforme à ce que les étudiants « attendent » d’elle, à perdre son accent napolitain et à adopter les attitudes de ceux et celles qui l’entourent mais elle ne se sent pas vraiment des « leurs ». Or quand elle revient dans sa famille à Naples, elle réalise que, là non plus, elle n’est plus vraiment à sa place.

Enfin Elena semble incapable d’exprimer ses sentiments : elle fréquente des hommes pour qui elle éprouve, au plus, une certaine tiédeur et tait ce qu’elle ressent à celui dont elle est profondément amoureuse. Si le personnage de Lila a le destin le plus brillant et romanesque, c’est le personnage d’Elena que je trouve le plus attachant.

On retrouve, dans Le nouveau nom, de manière encore plus amplifiée que dans le 1er volet, la violence des Hommes. Elle s’exprime dans cette société machiste où il n’est pas anormal ou choquant de taper une femme (et dans laquelle quand un couple n’arrive pas à avoir d’enfant, c’est forcément la « faute » de la femme) mais elle est sous-jacente, comme prête à exploser, chez les caractères féminins aussi.

Comme dans le premier volet de cette saga, L’amie prodigieuse, ce que je trouve particulièrement réussi est la manière dont l’écrivain renverse les perspectives. Alors que Lila est présentée comme l’héroïne qui a le plus de tempérament, qui n’en fait qu’à sa tête, au fil des pages l’auteur suggère à son lecteur qu’Elena pourrait être la jeune femme qui a le plus de pouvoir.  En effet elle maîtrise son destin et on s’en remet à elle pour faire entendre raison à Lila, comme si elle était la seule que cette dernière écoutait.

Au fil des chapitres des vies de Lila et d’Elena, on en vient à se demander qui se sert de qui. Suite à un nouveau rebondissement, elles paraissent n’avoir jamais été aussi éloignées l’une de l’autre. Pourtant dans les dernières pages, une scène très forte les rapproche à nouveau avant que l’écrivain conclut Le nouveau nom par une phrase qui donne envie de lire très vite la suite.

 

12 Comments

  1. Celui-là je me le réserve pour cet été ! j’espère juste retrouver avec facilité le cours de l’histoire…

  2. Je l’ai fini il y a peu et comme toi, je l’ai adoré ! J’aime aussi la façon de l’auteure de traiter l’amitié, qui n’est pas un long fleuve tranquille et où admiration et envie se succèdent. Vivement que je lise le 3e tome ! 🙂

    • elle a en effet une vision de l’amitié qui n’est pas binaire ..et vivement le 3eme tome aussi : )

  3. Merci beaucoup pour cet article ! Après avoir adoré le premier tome, je suis en train de lire « Le nouveau nom ». J’adore l’ambiance et les décors de ce livre, ainsi que les personnages, dont Elena qui est très attachante. On ne s’ennuie pas à travers les chapitres, on a envie de tout savoir.

  4. Après qu’une amie m’aie prêté le 1er tome de la saga l’été dernier, j’ai enchainé cet hiver les tomes 2 et 3… Et il va être difficile d’attendre l’automne pour le 4e! Comme toi je suis très touchée par le personnage d’Elena, qui est particulièrement développé dans le tome 3 justement 😉 Mais je n’en dis pas plus, bonne lecture pour la suite!

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