Je me suis déjà posée la question et excusez-moi de radoter mais est ce que les irlandais ont quelque chose dans le sang qui les prédisposent à écrire si bien ou est ce que ceux qui traversent la Manche sont seulement les meilleurs écrivains ? Quelque soit l’hypothèse, j’ai encore découvert un auteur talentueux, John Boyne (dont j’ai forcément envie maintenant de lire d’autres romans) avec son dernier roman, Les éléments.
4 éléments, 4 parties, 4 romans
Dans la première partie, L’eau, on suit une femme qui arrive sur une toute petite île irlandaise après avoir quitté Dublin pour se faire oublier . On sait qu’elle a été à la Une des journaux (on découvrira pourquoi peu à peu et l’écrivain a déjà trouvé un moyen de nous rendre captif).
Rapidement on se demande pourquoi l’eau est l’élément principal de cette première partie. Est-ce juste parce que l’île est entournée d’eau ? A propos des ados présents sur l’île, John Boyne écrit :

Ou est ce parce qu’elle et son mari se sont connus grâce à la natation ? Ou est-ce parce qu’elle est l’élément même qui a cassé sa vie ?

Dans la seconde partie, intitulée La terre, on est dans la peau d’un jeune footballeur qu’on a vu dans la première partie et là encore l’écrivain nous maintient dans une sorte de suspense jusqu’à la dernière et m’a cueilli avec un retournement de situation auquel je ne m’attendais pas.


Et la phrase d’entrée de la troisième partie, Le feu, sonne comme un uppercut :

Au sein de chaque partie, l’écrivain alterne entre temps présent et temps passé pour nous raconter ce qui a changé le cours de la vie de personnages forts et complexes qui ont tous un lien. Dans la troisième partie déjà, tous les éléments sont présents dans le récit de Frieda, médecin dans un service de grands brûlés :

Les éléments se lit comme un thriller, l’écrivain réussit à nous maintenir dans une tension constante, on s’entend à chaque page à basculer dans le drame mais avec une qualité d’écriture qu’on ne retrouve pas forcément dans beaucoup de polars.
Les destins sont tragiques, les adultes souvent maltraitants, violents, abuseurs (les abus sexuels sont au cœur de ce roman, Les éléments, et disséqués sous différents angles) , absents mais alors que l’asphyxie était proche, la dernière partie, qui met en scène les relations d’Aaron et son fils, apporte une bouffée puis une vague d’air.
Encore une fois j’ai été bluffée par la prouesse narrative de John Boyle. Il clôt son roman dans un écho final entre culpabilité et rédemption avec la perspective d’une réconciliation quand les non-dits et les secrets sont révélés et que l’espoir d’une relation aimante et confiante renait.
Les éléments, John Boyne, JC Lattès.
