C'est un beau roman

Carnet de lecture : Leçons de McEwan

Je sors d’une lecture très laborieuse du dernier roman de Joyce Maynard, L’hôtel des oiseaux. Je ne sais pas pourquoi je ne me suis pas autorisée à l’abandonner, il me semble que c’est un des 10 droits du lecteur énoncé par Daniel Pennac et je n’hésite pas habituellement. Peut-être tout simplement parce que c’est une écrivaine dont j’ai aimé tous les romans jusqu’à présent de Long week-end à celui qui m’a fait beaucoup pleurer, Un jour tu raconteras cette histoire ou de L’homme de la montagne à son avant dernier Où vivaient les gens heureux. L’avantage quand je sors d’une lecture décevante, c’est que je n’ai pas besoin de « sas de décompression », de temps sans lecture avant d’attaquer la suivante comme avec un roman qui a été un coup de coeur (pour vous aussi ?). Pas à une contradiction près, j’ai choisi un pavé (650 pages) alors que mon rythme de lecture est plutôt lent, voire très lent et que le dessin monopolise une grande partie de mon temps livre. Ce pavé c’est le dernier roman de Ian McEwan, Leçons.

Heureusement dès les premières lignes, j’ai été éblouie une nouvelle fois par la plume et le talent de cet auteur. Je ne pense pas avoir lu tous ses livres mais je vous conseille Une machine comme moi, Sur la plage de Chesil, L’intérêt de l’enfant. Pour moi, les romans de Ian McEwan soulève souvent de grandes questions à la fois de société et personnelles, sont très « intelligents » mais sans être jamais roboratifs ou ennuyeux.

Ce ne sont que des mots après tout, les uns à la suite des autres mais les mots de McEwan m’ont transporté quasi instantané dans cette leçon de piano vécue par le narrateur et personnage principal, Roland Baines, lorsqu’il avait 11 ans.

Quelques paragraphes plus loin, Roland Baines revient au présent, ce présent où il tient son bébé contre lui suivi d’un passage magnifique sur la parentalité.

Il percevait contre sa poitrine le rythme cardiaque du bébé, presque deux fois plus rapide que le sien. Leurs pouls battaient tantôt en cadence, tantôt non, mais un jour ils seraient définitivement à contretemps. Jamais plus ils ne seraient si proches. Il connaîtrait moins bien Lawrence, de moins en moins bien. D’autres le connaîtraient mieux que lui, sauraient où il était, ce qu’il faisait et disait, à quel ami, puis à quelle amoureuse il s’attachait. Et que parfois il pleurait, seul. De son père, quelques visites occasionnelles, une étreinte sincère, des nouvelles du travail, de la famille, un peu de politique, et au revoir. Pour l’heure, Roland savait tout de lui, où il se trouvait à tout moment, en tout lieu. Il était le lit du bébé et son dieu. Ce long éloignement pouvait représenter l’essence de la parentalité mais il était inconcevable vu d’ici.

La femme de Roland Baines a disparu et a laissé une carte postale :

N’essaie pas de me retrouver. Je vais bien. Ce n’est pas de ta faute. Je t’aime mais je pars pour de bon. Je me suis trompée de vie. S’il te plait, essaie de me pardonner.

Des cartes postales, elle en envoie encore 4, de 4 lieux différents. La police mène l’enquête, suspectant le mari comme dans toute affaire de disparition.

crédit photo : D.R.

J’ai pensé à ce beau film avec Gemma Aterton, vu un après midi dans une salle quasi vide du cinéma Le comedia, Une femme heureuse, l’histoire d’une femme étouffée par sa vie de famille et qui veut fuir aussi. Je me souviens avoir échangé avec une autre spectatrice dans les toilettes (sic) après le film.
On était un peu « sonnées » toutes les deux et aussi peut-être soulagées qu’on ose montrer au cinéma que la maternité n’est pas que joie et épanouissement comme sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui aussi, pour d’autres raisons, l’envie de tout recommencer ailleurs et loin me traverse parfois.

Je ne suis qu’à la page 40 de Leçons et je me réjouis de ce plaisir de lectrice : les 600 pages de promesse, d’histoire, de surprises, de questionnements, de découverte de personnages qui m’attendent en me plongeant dans ce roman.

Vous l’avez lu ? ou Est ce que je vous ai donné envie de le lire ?

Leçons, Ian McEwan, traduit de l’anglais par France Camus-Pichon , Gallimard.

Leçons de Ian McEwan
crédit photo : CBS News

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3 Comments

  1. Je ne crois pas avoir lu un seul roman de cet auteur. La notice Wiki me tente bien. Quel roman lirais tu pour commencer ?

    • peut être commencer par un court pour voir si le style de l’auteur te plait ? Sur la plage de Chesil est court. Bonne lecture !

  2. Pingback: Lectures de vacances de Noël - Chroniques d'une chocoladdict

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