C'est un beau roman

L’illusion du mal : un polar entre Milan et Cagliari

Avec quel livre avez-vous fini et commencé l’année ? Je gardais de côté L’illusion du mal de Piergiorgio Pulixi car je suis à l’affût des romans qui me permettent d’aller par procuration en Italie. J’étais tellement bien là bas que j’ai lu ce polar de 600 pages en même pas deux jours (vive les vacances aussi et le luxe de pouvoir lire plusieurs heures de suite sans que cela soit un problème). La bonne nouvelle est que L’illusion du mal met en scène deux enquêtrices, Eva Croce et Mara Rais, au coeur du précèdent roman de l’auteur, L’île des âmes. Une autre occasion de retourner en Sardaigne !

L’illusion du mal : le pitch

28 dents sont retrouvées sur le palier d’une jeune femme abusée par son beau père. Ce dernier n’a pas été puni, les faits étant prescrits. Eva Croce, en vacances à Belfast, rentre alors à Cagliari, pour découvrir aux côtés de Mara Crais, à qui appartiennent ces dents. Quand une vidéo du pédophile édenté est reçue par des milliers de personnes et que celui vite prénommé le dentiste appelle le public à voter en ligne sur le sort de son prisonnier, la vindicte populaire se met en marche. Alors que la colère du peuple grossit face aux manquements de la justice, Eva Croce, Mara Crais et Vito Strega (un criminologue réputé qui les épaule) se lancent dans une course contre la montre.

Pourquoi je n’ai pas pu lâcher ce polar ?

La construction

Le polar est construit en très courts chapitres et de manière à ce qu’on ait toujours envie de connaître la suite. L’intrigue se situe à la fois à Milan et à Cagliari, elle met en scène 3 enquêteurs avec des personnalités bien distinctes et le roman mêle leur histoire et l’avancement de l’enquête. Niveau rythme, il n’y a pas de temps creux, pas de chapitre en trop, cela se dévore !


L’originalité de l’intrigue

Pas d’histoire de disparition ni de serial killer mais une intrigue qui pose des questions sur le fonctionnement de la justice, la télévision et les émissions sensationnalistes qui jouent avec les sentiment les plus primitifs des spectateurs en se servant de faits divers pour faire grimper l’audience (toute ressemblance avec une émission et un animateur commençant avec un H est fortuite mais on y pense forcément et on s’imagine qu’il existe l’équivalent en Italie).

Enfin la question centrale du roman : est ce que sous prétexte que la justice est trop lente, commet des erreurs, très lourdes parfois, le public (que ce soit via les médias ou les réseaux sociaux ) doit devenir un tribunal ? Jetez un oeil deux minutes sur twitter et vous aurez votre réponse.

Le titulaire de l’action pénale doit être la magistrature, pas la télévision. Et pourtant, depuis quelques années dans notre pays, ce principe est foulé aux pieds. Quand certains directeurs d’antenne flairent une affaire atypique qui pourrait provoquer une flambée de parts d’audience, la justice est contournée sans scrupule et les procès se tiennent dans un studio de télévision, sans garantie de sécurité ni d’anonymat des témoins et des accusés, et sans aucun critère objectif autre que l’indignation personnelle. La priorité est alors d’alimenter la curiosité morbide et compulsive du public, qui de simple spectateur se mue en juge, suborné sans le monde scrupule par des présentateurs et des présentatrices flanquées d’une armée de rédacteurs qui vont jusqu’à soudoyer les enquêteurs pour découvrir les détails les plus sordides et les plus macabres. »

L’écriture de L’illusion du mal

Que ce soit dans le soin apporté aux portraits des personnages, dans les dialogues ou dans la photographie de la société proposée à travers l’histoire, j’ai apprécié que l’écriture ne soit pas bâclée ou trop facile comme dans pas mal de polars.

Anatole Pons-Reumaux, traducteur de L’illusion du mal, a non seulement su retranscrire cette sensation d’un temps qui s’écoule plus vite mais il montre aussi la richesse de la langue italienne en gardant certains passages en sarde, sicilien ou vénitien.

Si l’enquête est bouclée, Piergiorgio Pulixi laisse entendre que le trio formé dans L’illusion du mal se retrouvera dans son prochain livre. Je serai au rendez vous !

L’illusion du mal, Piergiorgio Pulixi, Gallmeister.

2 Comments

  1. J’ai adoré ce tome ! J’avais déjà bien aimé le premier, mais celui-ci le surpasse largement, je trouve. Le trio fonctionne à merveille, les personnages annexes sont tellement trucculents… notamment le médecin légiste ^^ Vvement un tome 3 !

    • oui vivement un tome 3 (bon si tu me dis que le 2 surpasse largment le 1, je vais peut être faire l’impasse sur le premier par contre ))

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