C'est un beau roman

« Je ne suis pas sortie de ma nuit » d’Annie Ernaux

Je poursuis ma découverte de l’oeuvre d’Annie Ernaux avec un livre écrit par Annie Ernaux quand sa mère était atteinte par la maladie d’Alzheimer. Elle l’a accueilli chez elle dans un premier temps mais son état étant de plus en plus grave, elle a du se résoudre à la mettre dans une maison de retraite spécialisée. Ce sont essentiellement ces visites le dimanche dans cet établissement qu’elle raconte même si elle consacre quelques pages à la présence de sa mère, décalée et déjà dans son monde, chez elle avec ses fils.

Comme dans les autres livres que j’ai lus d’Annie Ernaux, l’écrivaine insiste sur la nécessité absolue d’écrire sur ce qu’elle vit (pour le mettre à distance ? parce que son terrain principal est sa vie par rapport à d’autres auteurs ? pour devancer des critiques qu’on pourrait lui adresser d’aller aussi loin dans l’intimité? )

Lorsque j’ai lu :

Elle a demandé à Philippe, anxieusement : « Qui êtes-vous par rapport à ma fille ? ». Il s’esclaffe « Son mari ! ». Elle rit.

J’ai immédiatement pensé au film récent avec Anthony Hopkins « The father », sur la maladie d’Alzheimer, film qui nous place dans la tête du malade et que j’ai trouvé réellement bouleversant (et dur !).

La maladie commence en 1983 et sa mère meurt en 1986. Dans ce livre court, Annie Ernaux ne nous épargne rien de cette déchéance progressive. C’est dur, cru, impudique.

« C’est ma mère et ce n’est plus elle. »

Tout est renversé, maintenant, elle est ma petite fille. Je ne PEUX pas être sa mère. »

Les visites sont traversées parfois par des souvenirs d’enfance mais rarement pour apporter de la douceur à la tragédie de la situation. Annie Ernaux se souvient que sa mère la giflait pour un oui ou pour non, qu’elle lui a clairement exprimé le fait de préférer sa sœur morte bébé. Voyant sa mère si perdue (même si elle reconnait toujours sa fille et ne cesse de vouloir partir de la maison de retraite où elle est, ce qui est assez déchirant), Annie Ernaux pourrait repeindre le passé en couleurs (on a tous, je pense, tendance à idéaliser une personne proche disparue, mais son écriture, comme d’habitude, est sans concession.

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