En ces temps de confinement, le voyage est peut être au bout de la rue pour certains mais on a le droit aussi d’avoir des fourmis dans les jambes et l’envie de changer d’air (sans forcément aller à l’autre bout de la planète mais juste s’ancrer dans un autre décor). En attendant de pouvoir reprendre la route, de pouvoir à nouveau voir défiler les champs et les paysages assise dans des trains, voici 5 livres pour s’envoler ailleurs (chroniques parues sur mon compte instagram spécial livres @bookaddictlyonnaise) .
Au large de Terre Neuve sur un navire islandais
Des creux vertigineux, des déferlantes qui balaient tout sur leur passage, de la glace, de la neige, la vareuse trempée, le maigre réconfort d’un café chaud ou d’une cigarette, la peur et la volonté de survivre, Oiseaux de tempête m’a offert toutes ses sensations.
Ces chalutiers islandais qui partaient loin, par tous temps, dans les années 50, au large des côtes de terre neuve car la pêche y était miraculeuse, ils ont existé et les naufrages ont été nombreux.
🌊 A lire pour retrouver ou découvrir les formidables traductions d’ ‘Eric Boury (sur un vocabulaire aussi pointu que celui de la navigation maritime je suis encore plus admirative), parce qu’une fois embarqué, vous aurez forcément envie de savoir comment cela finit !
🌊Vous l’aimerez encore plus si vous aimez les auteurs islandais (même en pleine tempête, les livres sont présents à bord) !
Dans une réserve indienne en Dakota du Sud
Si vous aimez les romans policiers atypiques, si vous avez envie de vous plonger dans le Dakota du Sud dans la réserve indienne de Rosebud, si vous avez envie d’en apprendre plus sur les indiens Lakota en évitant tous les clichés alors Justice Indienne est fait pour vous !
J’avoue que les histoires de justicier façon Charles Branson cela n’a jamais été mon fort. Alors qu’est ce qui a fait que Virgil Wounded Horse m’a plu rapidement ? Parce que loin d’être une brute épaisse, toutes les choses qu’on apprend par flash back sur son enfance rendent compréhensibles son présent. Parce que face à son neveu qu’il élève et à Marie, son ex, il montre beaucoup plus de sensibilité qu’on imagine au départ.
Et puis quel plaisir de plonger dans cette communauté dont je ne connaissais quasiment rien, à travers ses racines et son histoire mais aussi à travers sa place aujourd’hui dans la société américaine (saviez vous par exemple que la police fédérale dans la réserve n’enquête que s’il y a un meurtre laissant beaucoup de crimes et de délits impunis ?)
Si j’ajoute qu’il y a un suspense croissant, la conjonction de destins personnels et d’une question universelle (peut on se faire justice soi même), vous ai-je convaincu de lire ce premier roman de David Heska Wanbli Weiden traduit par Sophie Aslanides ?
D’Acapulco vers El norte
Un soir alors que nous étions à table j’ai raconté à mes enfants l’histoire d’American Dirt parce qu’au delà de la fiction, ce roman éclaire sur la violence de la vie dans certaines régions mexicaines complètement gangrenées par les cartels et parce qu’il aide à comprendre pourquoi des gens sont prêts à fuir leur pays coûte que coûte et dans les conditions les plus terribles.
▪️Quelle écriture incroyable de Jeanine Cummins (traduite par Françoise Adelstain et Christine Auché) ! J’ai été plongée dans le livre dès la première ligne. J’étais dans cette salle de bains avec Lydia et Luca, seuls rescapés d’une tuerie effroyable. J’étais avec eux dans chaque étape de leur périple vers El Norte, le cœur battant devant les obstacles, les risques et la menace constante d’être rattrapés par Javier, le chef d’un cartel.
▪️A lire absolument pour cette terrible et oh combien courageuse épopée d’une mère et d’un fils, pour les très beaux portraits des personnes autour de ce duo, pour cet instinct de survie qui les anime et qui nous donne envie de leur souffler puissamment dans le dos pour les pousser vers la liberté. A lire aussi car c’est un hymne très émouvant à ces milliers de migrants qui risquent leur vie chaque jour avec l’espoir d’en vivre une en paix ailleurs.
▪️Ne zappez surtout pas l’épilogue dans lequel Jeanine Cummins répond à toutes les questions qui m’ont traversé l’esprit quand j’ai avancé dans ma lecture.
▪️Un roman bouleversant et d’autant plus nécessaire quand, en cette période de confinement, la tentation du repli sur soi est encore plus grande !
Au coeur de la tempête islandaise
Je me suis enfin décidée à ouvrir le dernier volet de la trilogie de Ragnar Jónasson mettant en scène l’inspectrice Hulda Hermansdóttir.
❄️J’éprouvais un tiraillement de lectrice, partagée entre l’envie de connaître le dénouement (ou plutôt le début de l’histoire, cette trilogie étant construite à l’envers) et le besoin de repousser le moment où sonnerait le mot fin.
❄️Retrouver Hulda, un personnage assez nuancé pour ne jamais tomber dans les clichés du flic et embrasser toute son histoire personnelle, son parcours professionnel (avec le constat d’une place durement acquise et jamais égale à celle de ses collègues masculins). Repenser aux deux tomes précédents à l’aune des nouveaux éléments sur sa vie.
❄️Savourer une nouvelle fois les constructions de l’intrigue à la « Ragnar Jónasson » alternant enquête, flash back, autre affaire semblant sans rapport avec la principale avant que tout ne se recoupe.
❄️Etre immergée dans cette atmosphère islandaise rude et inhospitalière, dans cette maison plantée au milieu de nulle part, avec le téléphone et l’électricité coupés à cause de la tempête de neige et frissonner lorsque soudain tout bascule.
❄️Se sentir piégée par l’auteur quand je me suis rendue compte que mes hypothèses étaient fausses.
Pour moi, La dernière tempête est le meilleur des 3 volets de cette trilogie !
❄️Nourrissez le chat, débranchez votre téléphone, dites à vos proches que vous n’êtes là pour personne car une fois que vous aurez commencé ce livre, vous voudrez lire le chapitre suivant puis le suivant puis le suivant….
A Brooklyn
🌸Melody a 16 ans et en ce jour de printemps 2001, toute sa famille est réunie à Brooklyn pour fêter ce qui ressemble plus à un rite de passage vers l’âge adulte qu’à un simple anniversaire. C’est à travers le regard et les souvenirs d’Iris, sa mère, d’Aubrey son père, de Sabe et Po’Boy, ses grands parents, que Jacqueline Woodson peint le portrait de la jeune fille de sa naissance à ses 16 ans.
🌸Au delà du portrait, l’auteure balaie plus de 80 ans de destin familial du massacre de Tulsa en 1921 au 11 septembre 2001 et explore des thèmes aussi riches que la classe et le statut social, les choix décisifs de jeunesse qui modèlent le futur, la maternité, le désir. Elle dit aussi combien le racisme a pesé sur ces deux familles liées par une grossesse.
🌸Le fil narrarif peut sembler assez ordinaire mais il y a une telle beauté et une telle générosité dans l’écriture de Jacqueline Woodson que je me suis surprise à chérir ces familles que je ne connaissais pas deux heures plus tôt. La douce mélancolie qui s’échappe des pages de ce roman m’a aussi beaucoup touché.
🌸Du feu et de l’or c’est ce que vous trouverez dans ce livre en l’ouvrant.
« Il arrive que le corps élimine le souvenir. Je vois les valises de ma mère portées au rez-de-chaussée, son dos disparaître par la porte. Le cou et les épaules de papa se lèvent vers mon visage, mes sanglots, mes hurlements. Les hanches de papa sont labourées par mes coups de pied. Ses mains me serrent fort. Mon papa. Qui tient bon. »
4 Comments
Tentée par le livre qui se déroule dans une réserve indienne ! Moi aussi le confinement m’a donné des envies d’évasion : je lis des histoires de cité perdue (de z, du dieu singe..) en écoutant des bruits de la jungle ou des chansons comme les cités d’or en fond sonore 😀
c’est rigolo j’ai écouté les cités d’or il n’y a pas longtemps : )
je sors d’un livre prenant, « l’ombre du vent ». Cela se passe dans l’Espagne du 20ème siècle, où l’histoire des personnages se mèle à l’Histoire. On y plonge et on ne ressort pas avant la fin…
ça fait envie et on m’en a parlé plusieurs fois.
je le rajoute à mon impressionnante liste de livres à lire, merci !