C'est un beau roman

Les femmes de : Jubilatoire !

Voici un roman, Les femmes de écrit par Caterina Bonvicini dont je ne savais pas grand chose (pour ne pas dire rien) mais que j’ai eu envie de lire juste parce qu’il se passait en Italie. Toutes les femmes de Vittorio (son ex-femme, sa femme actuelle, ses deux filles, sa soeur, sa mère et son amante) se retrouvent autour de la même table pour le réveillon de Noël et l’attendent. Mais alors que la soirée file, un sms arrive les informant qu’il ne les rejoindra pas ni ce soir ni demain et qu’il a besoin de temps loin d’elles.

On devrait inventer une application pour parler avec Dieu, j’aimerais bien recevoir des confirmations de lecture. Dieu je t’en prie, ne me fais pas vieillir comme elles. Vu le vendredi 15 août à 12h56.

Les femmes de, à lire si …

Si vous cherchez un roman drôle et diablement intelligent avec cette famille de la bourgeoisie milanaise que Caterina Bonvicini passe à la moulinette. En plus, on ne s’ennuie jamais, l’écrivaine passant d’un point de vue d’une femme à une autre à chaque chapitre. Le passage sur l’appartement à la montagne divisé entre plusieurs femmes et source perpétuel de conflits est particulièrement jouissif !

Si les portraits de femmes coincées dans des rôles mais qui ont enfin l’opportunité de faire exploser les coutures vous intéressent. J’avoue que certaines d’entre elles m’ont particulièrement paru agaçantes, étouffantes, castratrices (est ce qu’on peut être castratrice avec une autre femme ou existe-t-il un mot plus juste pour cela ?) mais grâce au talent de l’écrivaine, elles ne sont pas que cela. Quand elles cessent d’organiser leur vie autour de Vittorio, quand elles cessent d’attendre son amour, son attention alors elles laissent entrevoir autre chose d’elles mêmes.

Alors qu’importe si on me dit que je suis trop vieille pour conduire ma voiture ou faire un tour en bateau, on n’est jamais trop vieux pour sa propre indépendance. C’est elle qui maintient en vie justement, qu’est ce que tu crois. Justement. (Luzezia, 89 ans)

Je crois que j’ai même compris grâce à ce livre, l’obsession ménagère de pas mal de personnes. Cristina a la manie de tout ranger et nettoyer sans arrêt, elle contrôle ainsi les choses puisqu’elle ne peut pas contrôler les gens.

Si vous aimez les livres qui gardent le meilleur pour la fin car j’ai trouvé la dernière partie particulièrement réussie et émouvante. Vittorio y prend la parole et à travers lui, on comprend que c’est toute une société étriquée et piégée dans ses normes et conventions que Caterina Bonvicini dénonce.

J’ai compris que je devais m’en aller -loin de toutes mes femmes -quand je me suis rendu compte que je n’étais pas libre de pleurer chez moi. Les adultes n’éprouvent pas si souvent le besoin de pleurer. Arrivés à un certain âge, on est presque déçus par cette incapacité – mais comment donc je souffrais autrefois-, au lieu de ça, les gens se dessèchent. (Vittorio)

Les femmes de, Caterina Bonvicini, traduit de l’italien par Lise Caillat, Gallimard.

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