Inclassable

Benjamin Biolay à Fourvière et le ciel s’ouvrit

L’homme a de nombreuses qualités dont celle d’avoir un CE qui nous permet tous les ans de profiter d’un spectacle aux nuits de Fourvière à un tarif plus qu’avantageux. Cette année pas de danse mais un concert, tu me suis?

Une chaleur écrasante s’est installée sur Lyon depuis quelques temps et c’est le jour même du concert en plein air qu’il se met à pleuvoir dès le matin. Échanges de mails au sommet pendant la journée, achat de k-way envisagé, semi-résignation à l’annulation. Finalement au dernier moment la pluie se calme, je troque mes manches courtes pour un pull et un trench (oui Madame je suis frileuse et les températures ont soudainement chuté ), pas de parapluie car c’est interdit (tu imagines les dégâts d’un jeté de parapluie collectif ) et en route joyeuse troupe.

Les nuits de Fourvière se déroulent sur la colline du même nom; pour y accéder, il faut emprunter un funiculaire aux sièges en bois et à l’allure poussive qui grimpe raide jusqu’à destination. Petit dépaysement ou grand (si tu as un peu plus d’imagination, tu peux rêver un court instant aux vieux trams jaunes de Lisbonne) garanti. Dans la rame, les habitués ont prévu les minutions : de gros coussins sur lesquelles poser ses fesses et amoindrir la rudesse des gradins en pierre.

Comme les moins organisés, les novices ou ceux qui n’ont pas envie de se charger, je récupère l’accessoire indispensable du festival fourni à l’accueil mais je fais l’impasse sur les ponchos proposés à la vente étant donné le ciel menaçant et gris. Il en va de mon image ). S’ensuit la montée des marches ou devrais-je dire l’ascension étant donné la hauteur de celles-ci (c’était des géants dans l’Antiquité ?) à la recherche de la place centrale si possible.

Une fois installée, je me livre à un de mes jeux préférés : l’observation de mes contemporains. Derrière moi, j’entends un accent américain prononcé et charmant. Avec ma grâce et ma discrétion légendaire, je me retourne, l’individu en question me sourit et je me dis que j’aurais du me contenter de fantasmer sur sa voix…la réalité est parfois (souvent?) décevante. J’ai toujours l’impression de choisir LA rangée où 5 ou 6 individus passeront leur temps à faire des allées et venues m’écrasant les pieds à chaque fois. Je repère les places réservées qui arrivent au dernier moment; ceux qui sont venus pour faire plaisir à leur belle mais qui tirent la tronche du début à la fin et ne bougent pas un cil durant tout le concert..très plaisant; ceux qui ont sorti la polaire et ceux qui ne grelottent pas à manches courtes; ceux qui semblent avoir atteri là par hasard et qui demandent à la gentille organisatrice des précisions sur l’artiste assimilé à un dépressif.

J’ai même pas vu
Que t’étais rien,
Que t’étais morte de chagrin,
Que t’étais seule comme un vieux chien,
qu’tu faisais la gueule dans ton coin.

(extrait de Tout ça me tourmente. C’est sûr que c’est pas la compagnie créole )

La première partie est assurée par un groupe, Angil and the Hiddentracks, dont je n’ai jamais entendu parler et que je n’écouterai probablement jamais plu. Elle se déroule sous une sorte de bruine qui évoque pour les plus optimistes le crachin breton et pour les autres un gars qui postillonerait assis sur son nuage là-haut. Je commence à regretter de ne pas être emballée dans le film alimentaire vendue à l’entrée.

A 21h30, Emilie Simon arrive sur scène. Si je ferme les yeux, je pense à Kate Bush version électro. La chanteuse nous raconte qu’en 2003, lors de sa venue précédente aux nuits de fourvière, quand elle avait chanté La pluie, il s’était mis à pleuvoir…tu vas pas me croire mais quelques instants plus tard il pleut et Emile Simon salue alors qu’une hola d’enfilage de k-way secoue les gradins.

Pendant que la scène se métamorphose pour la troisième partie de la soirée, je cède à l’appel du poncho après avoir tenté le coussin amorti-cul comme couvre-chef…l’humidité commence à pénétrer mes vêtements et ce serait ballot de tomber malade juste la veille de mes vacances (et problématique d’avoir 40° de fièvre avec deux enfants petits à garder). Au moment où je tends ma pièce à la vendeuse, les gouttes cessent de tomber (remboursé, remboursé!). Serait-ce la magie Biolay?

En tous cas c’est le moment qu’il choisit pour rentrer sur scène. Le ciel maintenant est dégagé, la lune pleine semble veiller sur notre assemblée et les lumières de la ville s’étalent à nos pieds (oh c’est beau!). Là les filles j’ai un scoop, Benjamin s’est lavé les cheveux avant le spectacle ! Personne ne crie son prénom mais il faut croire que le charme opère sur certaines car des premiers rangs on lui tend cadeaux et lettres.

Il ouvre le concert avec Tout ça me tourmente. Tout de suite je rentre dans son univers et suis touchée par la richesse et la beauté de ses mélodies et de ses textes. Lyon presqu’île a une résonance particulière ce soir-là pour celui qui a grandi ici. Il chante La Superbe, Night Shop, Si tu suis mon regard, L’espoir fait vivre, Prenons le large issus de son dernier album et 5-6 morceaux de ses albums précédents.  Vague d’émotion lorsqu’il interprète au piano, Ton héritage et Nuits blanches, deux véritables bijoux. Je suis dans un état quasi mystique, comme transportée ailleurs et hors du temps…ou pour le dire plus simplement j’ai des papillons plein le ventre et plein la tête et j’ai pas bu une seule bière )

Pour la petite histoire, ton héritage a été écrite pour sa fille mais quand il lui a fait écouter, elle l’a trouvé trop triste et lui a dit qu’elle préférait Black eyes peas…quelle ingratitude les gosses !)

Une avalanche de coussins s’abat sur la scène lors de la chanson finale (signe que les 4000 spectateurs présents ont aimé) et après les rappels, Benjamin Biolay revient avec Paddam et Brandt Rhapsody . Pas envie de partir mais il faut bien rejoindre une des navettes prévues pour l’occasion (c’est quand même bien fait, avoue?). Le concert se prolonge encore avec les débriefing des uns et des autres qui me parviennent aux oreilles alors que le bus descend de la colline.

1h30 je pose ma tête sur l’oreiller la tête pleine de mélodies…et dire qu’il y a un an, je n’aimais pas Benjamin Biolay.

Et toi, tu as déjà essayé les spectacles en plein air ?

45 Comments

  1. Je suis allée un certain nombre de fois à Fourvière et oufffff, jamais de pluie. C’est le risque de ces concerts en plein air.
    Il y a plusieurs concerts que j’aurais bien vus cette année sur la colline!!!

  2. tous les ans, chez nous en Champagne, il y a un festival qui s’appellent les flâneries musicales, et chaque années il y a un concert pique nique de jazz dans le plus beau parc de la ville. le concert pique nique au parc Pommery (oui comme le champagne!) est inratable, cette année on était 12000 spectateurs!

    sinon j’ai vu Bernard Lavilliers sous la pluie à un salon de la moto une fois… c’est une autre ambiance!

    et j’adore Emilie Simon et Biolay aussi!

  3. chouette compte rendu… oui j’ai vu plusieurs concerts en plein air, un seul a été annulé à cause de la pluie…

  4. @LejournaldeChrys : j’y vais tous les ans depuis 4 ans et c’est la première fois la pluie

    @MamanBobo : et le champagne est gratuit? ))

    @Virginie B : ici rien n’est annulé sauf tempête

    @La Mère joie : ah c’était toi qui criait )

  5. A Angers, dans un cloître, j’ai vu Lila Downs, un moment magique, un des meilleurs concerts vu par mes yeux et entendu par mes oreilles! au début d’une de ses chansons, il y a eu une envolée d’oiseaux, c’était beau, elle a sourit, ça allait tellement bien avec son intro…sublime!

  6. Joli compte rendu!
    les spectacles en plein air ça me connaît et j’aime bien!
    je l’ai pris ce funiculaire quand je suis allée à Lyon, ma copine lyonnaise n’habite pas loin du spot

  7. J’aimerai beaucoup faire le festival de Carcassonne dans la cité mais je ne trouve pas le temps d’y aller, ça doit être magnifique en plein air.

  8. J’y étais le lendemain… Pas de pluie !!! mais pas tres chaud… Cette année les nuits de Fourviere n’ont pas eu de chance : plusieurs soirées ont été annulées pour cause de pluie dont notre premiere…

    Un autre festival en plein air dans la région : Musilac à Annecy. Là, une soirée sous un déluge de pluie pour voir Mika…

    Je reve de voir un film en plein air…

  9. @Cétoile : rien que l’endroit, ça devait apporter une atmosphère particulière

    @Carole : tu as une amie à Lyon alors

    @cleopat : fais le si l’occasion se présente

    @madamezazaofmars : jamais essayé encore le film mais je te crois !

    @Carobo : j’aimerais visiter cette ville mais pas en été trop de touristes

    @Cécile F : je croyais qu’ils n’annulaient jamais…tu as vu quoi exactement?

    @Faustine : ah Muse !

  10. J’avais vu Fredericks, Goldman et Jones aux arènes de Nimes et c’était vraiment génial ! J’aurais bien aimé voir Emilie Simon. J’aime bien son dernier album. Par contre, Benjamin Biolay, niet : je n’aime ni le personnage, ni sa voix, ni ses chansons… mais le principal c’est que tu ais passé une excellente soirée, non ? 😉

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