C'est un beau roman

Mazel Tov : apprendre à vivre ensemble

Je pensais en ouvrant Mazel Tov -le récit de la journaliste Margot Vanderstaeten de ses années pendant lesquelles elle a donné des cours de soutien scolaire aux enfants Schneider, une famille juive orthodoxe à Anvers -que j’allais rire du décalage entre leurs univers. Elle, athée, en couple avec un iranien. Eux au quotidien rythmé par leurs règles et leurs coutumes. Tout les sépare, y compris leur condition sociale : elle passe son temps à bosser pour joindre les deux bouts, ils sont plutôt aisés.

Mauvaise nouvelle, si j’ai souri parfois face à Margot, cette jeune fille qui mets les pieds dans le plat à de nombreuses reprises, je n’ai pas ri. Bonne nouvelle, cela ne m’a pas empêché d’apprécier beaucoup ce récit, riche en questionnements et en informations.

A travers les rapports qu’elle a avec les enfants (elle est là pour les aider aux devoirs mais son rôle avec le temps est bien plus important), elle les interroge sur le rôle de la religion dans leur vie et apprend peu à peu leurs règles. Elle a un regard extérieur assez critique, pas totalement dénué de jugement. Jacob, un des fils, a tendance à se sentir un peu supérieur, à part. Ce sont deux mondes qui, sans les circonstances de la vie, ne seraient jamais entrés en contact et qui vont apprendre à s’apprivoiser.

Margot commence à s’attacher à eux en développant une relation de confiance et de plus en plus importante avec Elzira, jeune ado dyspraxique à qui elle apprend à faire du vélo. Elzira déteste ses mains et lui dit rêver de devenir un oiseau. Au fil des années, Margot deviendra pour elle une confidente, elle sera même invitée à son mariage.

L’ombre de la Shoah plane sur cette famille (65% des juifs d’Anvers ont été déportés) et comme le souligne Mr Schneider, leur attachement très fidèle à toutes les règles est une réponse à cette tragédie. S’ancrer dans la tradition comme un refuge.

Ce que j’ai aimé dans Mazel Tov est cette volonté de comprendre l’autre, cette ouverture, ce pas vers autrui même quand on a des visions très opposées de la société et de la vie, même quand on n’est pas d’accord sur tout. J’ai trouvé cela émouvant, peut être en réaction à ce que je vois sur twitter et sur les réseaux sociaux en règle générale, à savoir l’absence de dialogue, chacun étant certain d’avoir raison et tous les autres étant des cons à condamner (sur des sujets aussi divers que l’écologie, être végétarien, le féminisme, etc..).

Pourquoi les Schneider qui vivent dans un quartier juif, dont les enfants fréquentent des écoles juives, qui ne sortent qu’au sein de leur communauté ont embauché puis gardé pendant plus de 6 ans une jeune femme goy et athée ? Ne sont-ils pas plus tolérants que nous qui les jugeons ? N’est ce pas une façon de montrer à leurs enfants une autre vision du monde et de nourrir aussi leur réflexion par une certaine confrontation ?

Une belle leçon de vivre ensemble que je vous incite vivement à découvrir !

Mazel Tov, Margot Vanderstraeten, Presses de la cité

2 Comments

    • ça fait du bien de voir qu’on peut s’entendre malgré de grandes différences (et ce n’est pas un roman)

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