C'est un beau roman

Bonjour Tristesse, l’adaptation BD

Difficile, quand on a entre les mains l’adaptation en bande dessinée d’un roman –Bonjour Tristesse de Françoise Sagan- de faire l’impasse sur la question de l’adaptation. Récemment Philippe Jaenada, lors d’une conférence à Quais du Polar, disait que les lecteurs « fabriquent des images » et qu’il est contre les adaptations au cinéma des romans. Il y a sûrement des contre-exemples mais j’ai toujours trouvé les films adaptés de romans, moins riches, moins complexes.

Alors que l’imagination construit ce qu’elle veut, sur pellicule les visages, les décors sont imposés avec des acteurs précis, des lieux précis. Peut-être qu’en bande dessinée, cela est différent dans la mesure où les personnages ne sont qu’une représentation, un dessin (vous me suivez ?).

Je ne pourrais pas me prononcer sur la réussite de cette adaptation, n’ayant jamais lu le roman Bonjour Tristesse de Françoise Sagan. Je ne savais même pas quelle était l’histoire, celle d’un père Raymond et de sa fille Cécile en vacances au bord de la mer avec deux autres femmes, Elsa la maitresse du père  et Anne, une femme qui va venir briser un équilibre déjà précaire.

L’été, la pinède, les cigales, l’oisiveté, l’ambiance pourrait être à la dolce vita (d’ailleurs Anne arrive en décapotable rouge) mais les dessins de Frédéric Rébéna avec ces pins quasi noirs, cette mer d’un bleu froid , peignent une ambiance tendue.

Personne ne parait particulièrement sympathique dans cette galerie de portraits entre l’ado égoïste qui  ne voudrait pas partager son père et qui assassine tout le monde à coups de petites phrases, l’étudiant un peu trop docile, le père nonchalant, Anne la femme froide et hautaine.

On a l’impression d’un ballet de femmes autour des hommes et en même temps, ces derniers sont indécis et apparaissent comme des marionnettes guidées seulement par leur désir.

Les femmes sont fortes mais la fin laisse à penser qu’elles sont soumises au sentiment amoureux et ne peuvent être heureuses sans homme.

Et si finalement, une adaptation en bande dessinée était un premier pas dans l’oeuvre d’un écrivain avec l’envie d’aller plus loin ?

9 Comments

  1. Je suis tout à fait d’accord, une bd (ou un film) peut donner envie d’approfondir l’oeuvre. Par exemple je cherche en ce moment l’adaptation BD du Journal d’Anne Frank pour donner envie à mon collégien de lire la « vraie » version du Journal…
    J’ai lu Sagan dans mes jeunes années, il m’arrive souvent d’avoir envie de retenter, mais peur d’une grosse déception…

    • ah mais elle existe la version BD du journal d’Anne Frank et moi aussi je la ferai bien lire à mon fils : )
      parfois il vaut mieux rester sur un bon souvenir

  2. Difficile de savoir s’il vaut mieux adapter ou pas les œuvres majeures, que ce soit au cinéma ou en BD… encore plus difficile de savoir s’il faut préférer commencer par l’adaptation pour se laisser porter vers l’œuvre complète ou s’il est préférable de lire d’abord l’œuvre afin de ne pas être influencé par la vision du réalisateur ou du dessinateur lors d’une lecture ultérieure…

    Par ailleurs j’ai lu Bonjour Tristesse à l’époque du lycée… et je suis bien incapable d’en donner la trame ! De là à dire que ce roman ne m’a pas marquée, je crois qu’on peut franchir le pas 🙂

    • c’est assez court j’imagine ?(oui pour moi c’est lié un livre on s’en souvient plus facilement quand on passe beaucoup de temps avec )

  3. Je n’ai ni lu le roman ni la BD, mais la BD pourrait m’attirer parce que je suis plus ouvert en BD qu’en romans (cherche pas! ah ah!).
    En lisant ton article, je me suis interrogé sur ce que tu dis des adaptations de romans. Je suis plutôt d’accord avec toi que les films sont moins riches et moins complexes, mais je pense qu’on peut avoir aussi de bonnes adaptations!
    Alors on mettra de côté les adaptations des films de Stephen King parce qu’à part 2 films, c’est catastrophique. Les mettre de côté et en même temps pas tant que ça, car je pense qu’ils peuvent illustrer ce que je pense des adaptations. Prenons Christine (la voiture qui tue) et Carrie. Projets d’adaptations confiés à 2 réalisateurs de talents, Carpenter et De Palma qui ont pris le sujet à bras le corps et en ont fait leur sujet à eux. C’est pour cela que ça fonctionne. Je pense aussi à Danse avec les loups, il y a des vraies différences entre le film et le roman, mais l’état d’esprit est là, et Costner a une véritable vision du sujet (d’ailleurs pour cet exemple là, c’est même plus compliqué que ça, Blake, le romancier, avait d’abord écrit un scnéario et Costner l’avait incité à en faire un roman pour qu’il puisse l’adapter car ça augmenterait ses chances – va comprendre). Bref.
    Mais tu as raison, en général, les adaptations sont mauvaises car ce sont des commandes de studio et qu’ils ne veulent pas chambouler le matériaux de base et au final, on a qqc d’assez inexpressif (je pense aux films Harry Potter par exemple).
    Pour moi, une bonne adaptation, c’est une vision d’auteur. Tu t’empares du sujet et tu en fais le tien, pas celui d’un autre, même au risque de le trahir. Après, on aime ou pas cette vision, mais bon, comme tu le dis si bien, on se fait tous nos propres images, donc soit on accepte les images d’un autre, soit on ne va pas voir le film…
    Et je trouve qu’il y a le même problème avec les BD qui sont adaptées au cinéma. Parce que même si on a une image collective grâce aux dessins, le ressenti, lui, reste personnel. C’est pourquoi je n’aime pas les Marvel et DC Comics adaptés ces dernières années, mais c’est un autre sujet!
    Au fond, ce que j’essaie de dire, c’est qu’en effet, un film ne peut pas rendre toutes les subtilités d’un livre, mais il peut apporter un autre regard. Je crois! 🙂

    • point de vue très intéressant !
      je pense d’un coup à Auster avec Smoke et Brooklyn Boogie et qui viendraient corroborer ce que tu dis …à priori je trouve l’écriture d’Auster tellement unique qu’aucun film ne peut lui arriver à la cheville…sauf à s’émanciper du roman

      peut être que cela dépend aussi des livres : si on revient à Jaenada, je ne vois pas trop comment on pourrait transposer ses digressions (et c’est ce qui fait le sel de ses romans)

      • Ah oui bien vu pour Auster! Je n’y avais pas pensé!
        Je ne connais pas les livres de Jaenada, mais il y a certainement des auteurs très difficiles à adapter. Je pense à Chuck Palahniuk et son Fight Club par exemple. Les fans du livre crient encore au scandale et y’a les fans du film qui adorent la vision de Fincher.
        Et sinon, y’a pire! Les adaptations de jeux vidéo! ça c’est le pire du pire! Mais j’imagine que ça te touche moins! :p

        • alors Fight Club j’ai vu le film (et j’ai pas vu venir le twist) et je n’ai lu le livre (en fait je fais très rarement les 2 quand j’ai lu le livre, je n’ai pas trop envie de voir le film car je connais déjà l’histoire et vice versa)
          les adaptations de jeux vidéo en film ? là j’avoue que je manque sérieusement de références : )

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