C'est un beau roman

L’enragé, l’autre fille, le grand incident

La rubrique livres a disparu du menu du blog au profit de mon portfolio et tout ce qui a trait à l’illustration car j’y consacre beaucoup de temps. La lecture n’a pas pour autant disparu de ma vie, même si son rythme a connu un fort ralentissement, toujours à cause du dessin. De manière rapide, voici mes 3 dernières lectures :

L’enragé : Quand une île devient prison

Pour moi, Belle île jusqu’à présent c’était une île magnifique où randonner doit être un bonheur et où une nouvelle fois, la Bretagne montre combien elle est photogénique. Et puis j’ai lu le dernier roman de Sorj Chalendon, L’enragé, et j’ai découvert que l’île avait accueilli sur ses terres un centre de redressement pour mineurs, euphémisme pour ne pas dire prison.

L’intrigue se situe en 1934 et nous plonge dans la première partie dans un univers violent, la violence des gardiens (appelés moniteurs) envers les enfants (les plus jeunes ont 12 ans et certains se sont retrouvés là car ils sont orphelins), la violence entre les prisonniers nommés colons. On fait la connaissance avec Bonneau dit aussi la Teigne, Trousselot, Loiseau peu de temps avant l’évasion de 56 enfants. Tous ont été capturés sauf un et c’est dans sa peau que Sorj Chalendon se glisse.

 » L’océan c’est notre gardien le plus cruel. Celui qui nous surveille, qui nous épargne ou qui nous assassine ! »

Si la première partie du roman est très sombre, la seconde partie sonne comme une renaissance pour le personnage principal, Bonneau, la vie mettant sur son chemin des personnes qui vont lui tendre la main. Bonneau sera toujours cet enragé mais la rage de se battre deviendra la rage de vivre !

Un très beau roman de Sorj Chalendon qui nous enjoint aussi peut être à continuer à nous battre et nous allier face aux injustices.

L’autre fille : Lettre à une sœur disparue

Je continue d’explorer petit à petit l’oeuvre d’Annie Ernaux avec L’autre fille sortie en poche récemment. Sous forme d’une lettre, l’écrivaine s’adresse à celle dont elle a appris l’existence et la mort par hasard, en entendant une conversation entre sa mère et une amie. Comme dans tous ses livres, elle interroge la mémoire et l’écriture mais aussi ce que ce secret et cette mort ont eu comme conséquence sur son histoire, son rapport avec ses parents, son identité.

« Peut-être que j’ai voulu m’acquitter d’une dette imaginaire en te donnant à mon tour l’existence que ta mort m’a donnée. Ou bien te faire revivre et remourir pour être quitte de toi, de ton ombre. T’échapper. »

Le grand incident : Uchronie au Louvre

Un vent de révolte souffle dans les salles du musée du Louvre : d’abord au département des sculptures avant de toucher celui des peintures. Toutes les femmes représentées disparaissent des oeuvres et des tableaux. La raison ? Elles se révoltent contre le comportement déplacé de certains visiteurs qui les touchent ou les salissent avec leurs mots.

Le grand incident fait écho aux questions sur le corps des femmes objectivé dans l’espace public et sur celle du consentement mais pour garder de la légèreté et pour rendre aussi hommage au musée du Louvre qui lui a demandé d’imaginer une bande dessinée traditionnelle (comprendre à l’encre et à l’aquarelle), Zelba a mis une bonne dose d’humour dans son histoire à travers son uchronie. Au delà des enjeux actuels, elle interroge la place de la femme artiste dans les musées, longtemps invisible (l’est elle d’ailleurs beaucoup plus aujourd’hui ?), le regard des artistes sur la femme (souvent soumise) et celui du spectateur.

Je vous laisse découvrir comment les statues et les femmes ont accepté de reprendre du service 🙂

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