C'est un beau roman

Dernières lectures

En ce moment je n’arrive pas à lire de gros livres alors je me tourne vers les livres courts ou vite lus comme les bande dessinées. Au programme de mes trois dernières lectures, un roman enquête autour d’une femme pendant la seconde guerre mondiale, une réinterprétation de la vie de Jésus et le parcours d’un journaliste pakistanais élevé dans une famille fondamentaliste.

Le mystère de la femme sans tête de Myriam Leroy

Intriguée par le titre et ayant en mémoire Les yeux rouges, son livre précédent dans lequel Myriam Leroy racontait le harcèlement en ligne dont elle a été l’objet, j’ai plongé dans ce livre sans rien connaitre de l’histoire. Le mystère de la femme sans tête raconte la vie de Marina Chafroff, pourquoi elle s’est livrée aux allemands en 1942 (en Belgique) et pourquoi elle a été décapitée.
Le roman alterne ces chapitres « narratifs » et ceux qui expliquent l’enquête de Myriam Leroy à commencer par les raisons qui l’ont poussé à écrire ce livre.

Et puis Marina rencontra Youri. Elle se prit ce garçon en pleine figure comme on marche sur un râteau, un coup de manche au milieu du front.

Myriam Leroy

Si le mystère de la femme sans tête n’en est plus un en refermant ce livre, son personnage reste avec ses zones d’ombre. L’image qu’en livre un de ses fils encore vivants contraste avec les éléments que l’écrivaine découvre au fur et à mesure de son écriture. On a le sentiment d’une femme qui étouffe dans le rôle que la société lui a assigné et qui se rebelle en faisant acte de résistance. Ce qui est certain c’est que cette femme qui a sauvé des vies et que l’histoire n’a pas retenu existe à nouveau grâce à la plume de Myriam Leroy.

Le batard de Nazareth Metim Arditi

Réinterpréter la vie de Jésus dans ses grands épisodes c’est l’entreprise dans laquelle s’est lancée Metin Arditi, agnostique, en s’appuyant sur les travaux de Daniel Marguerat bibliste protestant de renom. Le titre choque peut-être certaines personnes mais le terme ici n’est pas vu comme quelque chose de négatif au contraire, Jésus prônant une lecture des textes plus tournée vers les autres et accueillant tous les exclus (dont les batards) alors que les docteurs de la loi les stigmatisent et les rejettent par crainte qu’ils n’affaiblissent leur communauté.

C’est un portrait de Jésus porté à la fois par l’injustice (car dans cette réécriture de sa vie, il est enfant de Marie et d’un romain qui n’a pas reconnu l’enfant avant d’être adopté par Joseph) et par la colère face à l’intolérance. En tant que femme j’ai été particulièrement frappée par le chapitre intitulé  » La femme adultère » dans lequel Jésus prend une position qui est totalement novatrice par rapport au regard qu’ont toujours eu les religions sur les femmes. Alors qu’il est consulté par un pélerin au sujet d’une femme qui a eu un enfant hors mariage et qui mérite, selon lui, d’être lapidée (cela existe toujours dans certains pays aujourd’hui), Jésus répond :

Un homme s’éloigne de son épouse et c’est la femme que tu voudrais lapider ? […]
Tu oses parler de péché ? Aimer est ce un péché ? Tenir quelqu’un dans ses bras est ce un péché ?Et toi n’as tu jamais pensé à tenir dans tes bras la femme d’un autre ? Ou la jeune fille qui te frôle au marché ? Faudrait-il qu’on te lapide pour ces désirs ? […]
C’est la lecture de la Loi que font les prêtres qui mérite d’être lapidée. Pas la femme

Metin Arditi

Dissident club de Taha Siddiqui

Il est encore question de religion mais dans son versant le plus obscurantiste cette fois et à travers la vie de Taha Siddiqui qui a fui son pays d’origine, le Pakistan, face à la menace qui pesait sur lui.
Rien ne le prédisposait à devenir journaliste d’investigation et à se battre pour la liberté de la presse. Ses parents, dont toutes les règles de vie étaient dictées par la religion, imaginaient même un destin bien différent pour lui. Qu’est ce qui a fait qu’il a eu ce regard critique sur la doctrine ? Comment expliquer alors qu’il a fréquenté des écoles coraniques, eu un environnement familial très religieux, qu’il s’en est extrait (et cela assez jeune) ?

Dissident Club ne répond pas à cette question mais raconte la vie de Taha Siddiqui depuis sa naissance en Arabie Saoudite jusqu’à sa tentative d’enlèvement par la police au Pakistan. Avec les illustrations d’Hubert Maury, il revient sur sa jeunesse et son parcours. Le sujet est grave mais traité avec un humour décomplexé qui fait penser à la fois à l’Arabe du futur de Riad Sattouff et à Guy Delisle.

Aujourd’hui Taha Siddiqui vit toujours à Paris avec sa famille et a ouvert un lieu, The Dissident Club, où les dissidents du monde entier peuvent se retrouver pour échanger.

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