J’avais tout prévu dans ma valise pour les vacances…sauf une tenue pour un enterrement.
J’avais prévu le répulsif spécial moustiques mais pas le coup de fil annonçant ton décès juste quelques heures après mon arrivée.
J’avais prévu mon permis mais pas de conduire mon père enterrer son petit frère.
J’avais prévu un seul paquet de mouchoirs.
J’avais prévu le soleil, la chaleur, le bruit des vagues et pas le froid de la chambre funéraire et toi allongée dans un cercueil.
J’avais prévu la trousse de médicaments mais rien contre cette angoisse qui tord le ventre, la gorge serrée comme si les amygdales étaient gonflées et ces nuits à chercher le sommeil quand la tête sur l’oreiller je pense à toi.
J’aurais peut-être du prévoir ton départ alors que ce putain de crabe ne te lâchait plus….dans la famille, on le connait bien : 4 combats, 4 K.O.
J’avais pas prévu d’être touchée par la présence, le jour de tes funérailles, de ces aides-soignantes, infirmières, kiné, médecin généraliste qui t’ont accompagné à domicile….faut dire que les oncologues, les chirurgiens t’ont traité comme un numéro plutôt que comme un patient, que t’as subi un tas d’examens inutiles et douloureux.
J’avais prévu la phrase toute faite « C’est la vie« , celle qu’on prononce quand on est à court de mots comme pour combler le silence trop pesant…mais est ce la vie d’enterrer son enfant, même s’il a 56 ans?
J’avais prévu des billets légers pour ceux qui viennent me lire ici et pas de plomber l’ambiance estivale (c’est un peu la double peine pour celles qui n’ont pas bougé) mais coucher sur le papier ce qui tourne là-haut dans ma tête tous les soirs m’évitera peut-être le lexomil.
J’avais prévu que tu t’enfonces peu à peu dans ce long sommeil pas que tu supplies qu’on en finisse, la morphine a endormi la douleur jamais la conscience de ton état.
J’avais pas prévu le beau temps le jour de ton enterrement…dans les films et dans les livres, il pleut souvent. Peut-être était ce un clin d’œil insolent de ta part face à nos mines de papier mâché, une façon de nous convaincre que tu étais enfin soulagé même si l’absence est une plaie à vif, une tape sur l’épaule pour nous exhorter à nous rassembler dans des occasions moins funestes, à fêter, à rire, à s’enivrer, à danser -toi qui aimait la musique gitane-, à aimer, à goûter la vie de mille et une façons pour oublier une seconde, un instant, quelques heures qu’en avançant dans la vie on est forcément orphelin.
Ciao Sergio…
44 Comments
Ton texte est magnifique.
sincères condoléances.
Je t’embrasse et te serre affectueusement dans mes bras Choco.
Je suis en plein dedans donc je comprends et je t’envoie toute mon amitié.
C’est toujours trop tôt pour partir, mais 56 ans… Courage à ceux qui restent.
Bises.
Le soleil était surement le dernier sourire à la vie et à l’amour de ton oncle….
toutes mes condoléances et courage pour ces prochains jours difficiles.
Toutes mes condoléances pour ton oncle
Très beau ton article très émouvant. Je suis si triste pour toi.
Mon papa a guéri de son crabe à lui, car c’était le début, il avait été découvert par hasard.
Un coup de bol.
Mais tant de gens en meurent, c’est affreux.
Toutes mes condoléances à ta famille.
Je t’embrasse
Je n’avais pas prévu qu’il me fasse tomber les larmes là, sur l’ordinateur.
Je n’avais pas prévu de laisser un commentaire mais je le fais : ce texte est magnifique, la douleur est toujours insondable, écrire est souvent un exutoire et c’est une bonne chose que de partager certains moments pour avancer. Toutes mes pensées.
Et puis tu sais le 17 août 2006 c’était l’enterrement de mon papa et moi cette année j’étais à l’hôpital… c’est pourtant ça la vie et on ne meurt que si l’on a vécu… !
Tu as toutes mes pensées les plus sympathiques.
je suis désolée de lire ce billet … saleté de cancer, qui nous a enlevé mon beau-père il y a 15 jours, un choc dont nous ne sommes pas encore remis … et il n’avait que 64 ans (ou plutôt, non, il est mort le 14 août, et aurait eu 64 ans le 22… maintenant, il ne les aura jamais …).
Je pense bien à toi et je t’embrasse, ainsi que ta marmaille et ton homme.