C'est un beau roman

Le lâche, un premier roman puissant sur la réconciliation

C’est le premier livre de la rentrée littéraire 2022 que j’ai lu et c’est une sacré bonne pioche. Le lâche est le premier roman de Jarred McGinnis et il m’a embarqué avec lui dès les premières lignes. Il faut dire que la scène d’ouverture est très forte (non je n’en dirai pas plus, je gâcherai vraiment un grand plaisir de lecture).

Le thème central de ce roman est la réconciliation : réconciliation avec son corps quand celui-ci n’a plus les mêmes capacités qu’auparavant, qu’il faut faire le deuil de son corps d’avant et accepter le nouveau; réconciliation d’un fils avec son père, ce qui nécessite d’aller gratter là où c’est douloureux et d’aborder les points sensibles qu’on préfère en général enfouir au plus profond et pour le reste de sa vie.

Pourquoi le lâche est un coup de coeur ?

Si Le lâche est un coup de coeur pour moi c’est bien-sûr grâce à la plume de l’auteur, très mordante (mais sans cynisme car on sent aussi une grande tendresse) et très juste. L’auteur étant paraplégique depuis 20 ans, il décrit sans tabou et avec une grande force d’évocation toutes les sensations physiques liées à la perte de la mobilité de ses jambes.

Quand il m’a mis au lit ce soir-là, j’avais mal aux joues d’avoir trop souri.

J’avais traversé le pays dans les deux sens des centaines de fois et sauté dans des trains sans payer des centaines d’autres. Un fauteuil roulant plus tard et je ne pouvais plus quitter notre allée sans quelqu’un pour m’aider.

Je me suis juré de lui demander pardon d’avoir été un mauvais fils et de tout ce que je lui avais fait subir. Le matin, quant il est venu me chercher, pour me sauver une fois de plus et sans me poser de questions, j’ai failli à cette promesse. Je n’ai rien dit ni excuses ni remerciements.

Forcément en tant que lecteur, on se demande pourquoi ce fils et ce père ne se sont parlés pendant 10 ans. L’écrivain nous répond par une construction qui alterne passé et présent et éclaire peu à peu leurs relations.

L’humour noir est aussi très présent dans le roman et on le retrouve dans cette interview donnée au Guardian* et dans laquelle Jarred McGinnis (qui visiblement vit à Marseille !) déclare :
« Life threw me quite literally under the bus but I got up and thrive« 

Le lâche est un roman puissant et émouvant sur la culpabilité et le pardon, sur la dissonance aussi entre l’image que vous avez de vous et l’image qu’ont les autres de vous (souvent réduite à votre fauteuil). Son sens de la formule donne envie de lire très vite son prochain livre !

Le lâche, Jarred McGinnis, traduit par Marc Amfreville, édition Métailié.

* interview donnée au Guardian

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