Ice ice..land

L’exception : vertige de la séparation à la sauce islandaise

Le roman L’exception Auður Ava Ólafsdóttir (cette fois j’ai lu tous ses livres traduits) s’ouvre quasiment sur l’image d’un corbeau, présage ou mauvais présage ?

D’habitude ils sont deux -un couple de corbeaux – cette fois solitaire, l’oiseau donne l’impression d’être étonnamment lourd, comme un antique bombardier.

Le soir du 31 décembre, alors que des feux d’artifice illuminent le ciel, Maria, personnage principal, apprend que son mari la quitte pour son collègue, Floki.

Tu es l’exception de ma vie, dit-il. Je me sentais bien avec toi, mais je savais que ça ne pourrait pas durer éternellement.

Maria commence à chercher des causes à cette séparation, elle cherche des indices dans le passé, elle s’en veut de n’avoir rien deviné sur l’orientation sexuelle de son conjoint et se confie à sa voisine de l’entresol. Perla est un personnage peu banal : non seulement elle se dit psychanalyste, conseillère familiale et conjugale mais elle écrit aussi des polars pour le compte d’un célèbre auteur. Et elle est naine.

Comme dans tous les romans islandais ou presque, la météo est un personnage à part entière. Nous sommes début janvier, la neige est omniprésente, le froid aussi.

Midi approche et la nuit commence enfin à s’éclaircir.

Déjà pas simple de vivre une séparation avec deux enfants de 2 ans et demi mais dans une obscurité quasi totale, vous imaginez le moral ? Est ce du déni mais Maria espère un moment que son mari avec qui elle vit depuis onze ans, va revenir, elle prend des risques roulant en pleine tempête, brandit une lettre qui pourrait tout changer, elle croit encore à l’électrochoc et c’est elle qui l’aura finalement.

Comme dans tous les romans de Auður Ava Ólafsdóttir, l’humour est bien présent dans l’Exception par le loufoque de certaines situations, par les réparties décalées de la voisine Perla que Maria nourrit au sens propre comme au sens figuré.

Il y a un certain danger à fréquenter un auteur, dit-elle, en époussetant les miettes de sa blouse. Parce qu’il est toujours au travail.

Si vous n’avez jamais lu cette autrice, je vous conseillerais en priorité Eden, son dernier roman (je ne l’ai pas chroniqué sur le blog mais j’en ai parlé dans l’une de mes newsletters, ce roman m’a vraiment enthousiasmé pour tout le plaisir autour des mots) La vérité sur la lumière et Miss Islande.

La lecture de l’Exception m’a permis de découvrir une nouvelle traductrice spécialisée dans la littérature islandaise (habituellement les romans de Auður Ava Ólafsdóttir sont traduits par Eric Boury) : Catherine Eyjólfsson.


J’ai lu aussi La nuée des âmes de Mike McCormack. Son précédent livre D’os et de lumière, m’avait beaucoup marqué par son style. L’auteur revient avec un thriller métaphysique qui m’a vraiment désorienté. On y suit un homme qui rentre chez lui après des mois d’absence, on comprend qu’il était en prison. Sa maison est vide, il ne sait pas où est sa femme Olwyn et son fils. Son téléphone sonne : un homme veut le rencontrer et alors que Nealon va raccrocher, il comprend que son interlocuteur l’observe au moment même où il lui parle. Alors que les souvenirs affluent, Nealon va accepter de rencontrer son interlocuteur. Logiquement on s’attend à avoir des réponses à de nombreuses questions mais le mystère est toujours aussi épais, Mike McCormack semble brouiller les pistes et semer la confusion jusqu’à la dernière page.

Et il ne pouvait y avoir preuve plus vivace de l’existence de l’enfant que ce rayonnement de chaleur qui s’infiltrait jusque dans les os de son père.

Je vous ai dit que j’avais deux romans qui se passent en Islande dans ma pile à lire ? A suivre …

2 Comments

  1. Merci, chère @chocoladdict, pour ce dernier partage littéraire et bravo pour ta maîtrise du clavier option alphabet islandais
    J’adore ces ambiances de brume et de froid (à savourer à l’approche du printemps, c’est plus safe pour le moral…)
    Patricia
    PS La mise à jour de la bannière et du Qui suis-je est superbe

    • j’aime aussi beaucoup ces ambiances, est ce que tu as vu la série Jour Polaire ? je pense que cela pourrait te plaire
      et merci pour la bannière 🙂

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