Inclassable

Polisse : la brigade mineure prend du grade

Aujourd’hui j’avais prévu de parler du dernier livre de Delphine de Vigan et puis hier soir, je suis allée voir Polisse au cinéma et cela a été un tel coup de poing que j’ai eu envie de partager mon ressenti sans attendre.

Je n’avais lu aucun papier sur le film, écouté aucune interview de la réalisatrice pour être influencée le moins possible. J’ai plongé sans masque ni tuba dans le quotidien d’une brigade des mineurs, souvent tragique parfois comique, considérée dans la réalité par les autres services comme la lanterne rouge. Gardes à vue, opération au petit matin, planque, affaires de pédophilie, inceste, maltraitance,  j’ai tout vécu à fond reprenant tout juste ma respiration dans les moments où la brigade se retrouve en dehors des heures de travail pour décompresser.

Est-ce la nature même de leur boulot, l’engagement que cela demande, l’empiétement quasi forcé sur la vie privée du fait de la dureté même des affaires auxquelles ces flics sont confrontés mais les frontières entre  vie professionnelle et vie personnelle ne sont jamais très nettes. Peut-être que plus que dans tout autre contexte, ils ont besoin d’être ensemble tout le temps ou presque pour ne pas chuter, ils ont besoin de compenser la violence de leur travail par l’intensité de leurs rapports.

Polisse pourrait être un documentaire s’il n’y avait pas cet incroyable casting : Frédéric Pierrot (dont la voix fait le charme), commandant surnommé papa tampon entre l’équipe et le patron, Jérémy Elkaïn le flic intello, Marina Fois si emphatique face aux enfants et si sèche en même temps dans sa vie amoureuse et amicale, Joey Starr rageur et fabuleux dans cette figure de justicier parfois impuissant. Loin d’être des héros, ils ont tous des failles et les tensions dans le groupe trouveront leur paroxysme dans les dernières scènes.

Je me suis tout de même demandée pourquoi Maïwenn ne s’était pas contentée de rester derrière la caméra. Son rôle de photographe nunuche mariée au très beau Riccardo Scarmaco (quand il parle c’est un délice) n’apporte pas grand chose à l’intrigue. Est-elle présente pour donner quelques bouffées d’oxygène au film dont certaines scènes sont vraiment très dures ?

Si elle ne s’est pas donnée le beau rôle, son film traduit son énergie, son amour et sa proximité pour les acteurs et les actrices, sa sensibilité. Son regard percute,  bouleverse, dérange, choque, touche, ne laisse jamais indifférent.

Pendant deux heures j’ai fait corps avec une brigade de mineurs et j’y ai laissé quelques plumes.

9 Comments

  1. je ne lis que des commentaires de spectateurs au souffle coupé devant cet excellent film apparemment, dur, parfois, mais je crois que je vais me déplacer et aller le voir!

  2. Au départ, j’avoue ce film ne me tentait pas plus que ça, à vrai dire, je ,ne sais pas vraiment pourquoi, ms après la lecture de quelques articles, mon intérêt pour ce film a grandit, et je dois dire que ton article m’a définitivement convaincue…Je veux aller le voir!!!! J’espère que ça pourra se faire! Merci en tout cas. Bises

  3. De ce que j’en ai vu et entendu, ce film a l’air d’être une claque monumentale et tu me le confirmes!

  4. Coucou
    Je l’ai vu il y a quelques jours et ce film m’a vraiment prise aux tripes. Les acteurs sont top. J’adore Karine Viard et Marine Fois en particulier et là j’ai découvert une nouvelle facette d’elles.
    J’ai même versé des larmes….
    Un film à voir !

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